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Fusion TF1/M6: "Le dossier est délicat et nous allons le traiter avec beaucoup de sérieux"

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Isabelle de Silva, présidente de l'Autorité de la concurrence, était l'invitée ce jeudi soir du Grand Journal de l'Eco sur BFM Business.

C'est un dossier conséquent qui attendra l'Autorité de la concurrence à la rentrée: les groupes TF1 et M6 ont l'intention de fusionner pour donner naissance à un géant français de la télévision. Le mariage de la première et de la troisième chaîne du paysage audiovisuel français ferait émerger un acteur géant de la télévision, dépassant France TV avec plus de 30% de part d'audience, et représentant les trois quarts du marché publicitaire sur ce média. L'autorité procédera à la rentrée à un examen des conséquences de concurrence qu'une telle opération entraînerait.

"Les choses sont très transparentes car les méthodes de l'Autorité de la concurrence sont connues. Notre processus même est transparent (…). In fine la décision que nous prendrons, quelle qu'elle soit, sera motivée de façon très détaillée et pourra être soumis aux juges (…). Ce dossier est délicat et nous allons le traiter avec beaucoup de sérieux", a déclaré sur le plateau de BFM Business la présidente de l'Autorité de la concurrence, Isabelle de Silva, qui a assuré qu'il n'y avait "pas d'intervention politique ou autre" sur ce dossier.

Le projet de fusion de TF1 et de M6 suscite de grandes inquiétudes chez beaucoup d'acteurs de la production audiovisuelle et de la publicité, du fait du poids très important qu'aura le nouvel acteur sur le marché français. "Notre rôle est de tirer tout cela au clair et d'arriver à une position qui soit solidement étayée, qui corresponde à l'état de l'économie et qui soit fondée sur l'état sur le plus solide de la jurisprudence en matière de concurrence", a expliqué Isabelle de Silva.

Face face à la concurrence des Gafa

TF1 et M6 justifient leur projet par la nécessité de faire face à la concurrence internationale, et notamment de celle des grands acteurs mondiaux d'internet. L'une des clefs dans la réflexion de l'Autorité de la concurrence sera la définition du "marché pertinent" pour examiner les conséquences concurrentielles de la fusion. L'Autorité devra ainsi décider si elle ne considère que le marché de la publicité télévisuelle, ou si elle prend en compte également le marché de la publicité en ligne.

"Il est déjà arrivé que nous fassions bouger les lignes en considérant que l'économie avait connu des évolutions substantielles, par exemple avec Fnac/Darty sur l'appréhension des ventes en ligne et des ventes en magasins", a-t-elle poursuivi. "Il y a des critères assez clairs que nous allons regarder. Comment est-ce que ces publicités sont vendues? Comment répondent-elles ou non aux besoins des annonceurs Des questions relativement concrètes qui vont nous permettre dire in fine si les deux marchés qu'on nous présente comme homogènes et devant être fusionnés sont substituables".

Ce jeudi, les deux groupes Bouygues et RTL ont finalisé leur accord visant à fusionner les groupes TF1 et M6, ont-ils indiqué dans un communiqué commun. Le rapprochement prévu à échéance fin 2022 a également été approuvé à l'unanimité le 24 juin par les instances représentatives du personnel de Bouygues, TF1 et M6.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV