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Éric Niedziela (ArcelorMittal): "Nous allons diminuer de 35% nos émissions de CO2 d'ici 2030"

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Invité ce mardi sur BFM Business, le patron France d'ArcelorMittal a détaillé le plan du groupe pour verdir sa production d'acier dans un secteur qui fait partie des pluys émetteurs de la planète.

Comment décarboner une des industries les plus émettrices de CO2? Le secteur de la sidérurgie est en effet à lui seul responsable de 7,6% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (4% en France). Et il est pointé du doigt pour son retard dans la décarbonation par rapport à d'autres industries plus avancées.

Le géant ArcelorMittal veut accélérer sur le sujet et vient de dévoiler un plan de décarbonation.

"En Europe, nous avons un objectif de se décarboner de 35% d'ici 2030 et d'être neutre en émission carbone à horizon 2050", assure sur BFM Business Éric Niedziela, le président d’ArcelorMittal France.

Le groupe compte dans un premier temps y consacrer 1,7 milliard d'euros sur ses sites de Dunkerque et de Fos-sur-Mer. Une enveloppe qui comprend des aides publiques du plan France 2030 ainsi que des aides européennes que le groupe négocie dans le cadre des PIEEC (Projet importants d'intérêt européens communes).

"La première partie jusqu'à 2030 ce sont des investissements majeurs pour enlever le charbon de la production de l'acier et le remplacer par de l'hydrogène, indique Éric Niedziela. On va substituer des hauts fournaux par des installations relativement identiques en taille mais pour lesquelles le charbon va être remplacé par de l'hydrogène pour réduire le mineret de fer."

Cette substitution sera accompagnée d'une électrification du parc de fours dans lesquels le groupe utilisera 25% d'acier recyclé dans sa production.

Une tour pour capter le CO2

Mais ArcelorMittal devra aller plus loin pour atteindre son objectif de neutralité carbone en 2050. Il a ainsi mis au point sur son site de Dunkerque un prototype pour capter le CO2 et le transformer.

La tour de captage de CO2 d'ArcelorMittal à Dunkerque.
La tour de captage de CO2 d'ArcelorMittal à Dunkerque. © AFP
"Le processus industriel c'est d'aller capter tout le CO2 qu'on ne peut pas éliminer avec les technologies existantes, le liquéfier pour pouvoir le transporter de manière économiquement viable, décrit Éric Niedziela. Après il y a deux voies possibles: soit la réutilisation dans un eFuel -c'est à dire un biocarburant fait de CO2- mais le projet qu'on a sur Dunkerque, c'est de le séquestrer où il va se resédimenter comme il l'était par le passé."

Dans cette tour de 22 mètres de haut, les fumées des cheminées vont être au contact de solvants qui vont capter le CO2. Une fois qu'ils seront saturés de carbone, ces solvants sont chauffés pour libérer le CO2 qui est ensuite liquéfié et enterré.

Etendre la taxe carbone aux importateurs

Une technologie prometteuse mais encore balbutiante. Le démonstrateur de Dunkerque peut recycler environ 4000 tonnes de CO2 par an quand il faudrait des capacité d'un million de tonnes pour atteindre la neutralité carbone.

En attendant, le groupe - comme l'ensemble du secteur - va payer des taxes pour avoir le "droit" d'émettre. Des taxes carbone que le groupe souhaite voir étendues aux frontières pour ne pas pénaliser les producteurs européens.

"Aujourd'hui on achète des droits de CO2 à hauteur de 2,4 milliards d'euros par an pour pour pouvoir produire en Europe, indique le patron France d'ArceloMittal. Ca va monter à 8,4 milliards en 2030 avec le plan Fit for 55. Malgré nos investissements, on va être trois fois plus taxés, c'est normal que les importateurs le soient aussi."
Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco