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Ynsect, le pionnier de l'élevage d'insectes pour l'alimentation, va supprimer près de 140 postes sur 200

Un employé tient de la poudre de protéines d'insectes à la ferme expérimentale de la société française Ynsect à Dole, en Franche-Comté, le 8 février 2018 (photo d'illustration).

Un employé tient de la poudre de protéines d'insectes à la ferme expérimentale de la société française Ynsect à Dole, en Franche-Comté, le 8 février 2018 (photo d'illustration). - SEBASTIEN BOZON / AFP

En difficulté, l'entreprise française spécialisée dans l'élevage d'insectes Ynsect a présenté un plan de suppression de 137 postes, sur environ 200 postes.

L'entreprise pionnière dans l'élevage d'insectes Ynsect, confrontée à une rude concurrence dans le secteur des protéines, a présenté à ses salariés un plan de suppression de quelque 140 postes, a-t-on appris mercredi auprès de la direction et du secrétaire du CSE. Ce plan, présenté mi-mai aux représentants des salariés, prévoit la suppression de 137 postes sur environ 200, dont 66 sur le site d'Amiens, selon un porte-parole de l'entreprise.

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Présenté comme la plus grande ferme verticale au monde, ce site avait été salué par le gouvernement lors de sa construction comme un "exemple" d'activité vertueuse pour l'environnement. Une audience devant le tribunal de commerce d'Évry le 16 juin doit se pencher sur le plan de continuation proposé par Ynsect, qui prévoit également de tester une méthode d'élevage moins coûteuse, ainsi que sur une offre de reprise du second site de production d'Ynsect, à Dole (Jura).

Depuis sa création en 2011, la startup a levé 600 millions de dollars auprès d'investisseurs, mais est aujourd'hui confrontée à la difficile montée en puissance de son modèle et a été placée en redressement judiciaire.

L'entreprise produit des fertilisants et des aliments pour la nutrition animale (élevages puis animaux de compagnie) à partir de larves de scarabées Molitor, qui possèdent une forte teneur en protéines. Aujourd'hui, "il faut trouver des moyens d'élevage qui coûtent moins cher pour pouvoir servir les clients à des coûts de marché", explique le porte-parole de la direction, soulignant la concurrence d'autres sources de protéines "redevenues hyper-compétitives", comme le soja.

"Course au moins-disant"

"Plutôt que de faire la course au moins-disant et au moins cher en mettant à la porte et en liquidant le savoir-faire et tout ce qui a été construit ici, il faut, comme pour toutes les filières agricoles, que l'Etat subventionne la filière" le temps que les coûts de production baissent et deviennent plus compétitifs, estime pour sa part le secrétaire du CSE, Florent Dupriez.

"Le nouveau système d'élevage, qui nous est proposé par une start-up étrangère que personne ne connaît, conduit à la fermeture de 80% du site industriel (d'Amiens), puisqu'on arrêterait notre élevage à nous", s'inquiète Florent Dupriez.

Au-delà d'Ynsect, les temps sont durs pour les farines d'insectes. Une autre pionnière française du secteur, Agronutris, dont la holding a été placée en procédure de sauvegarde en janvier, a demandé fin mai une aide financière publique d'urgence pour ne pas mettre la clé sous la porte.

J. Br. avec AFP