Trump veut interdire aux compagnies aériennes chinoises de survoler la Russie pour rejoindre les États-Unis mais le champion américain Boeing pourrait en pâtir

"Rééquilibrer la concurrence". Tel est l'objectif de l'administration Trump en matière de liaison aérienne vers la Chine. Rappelons que depuis 2022, et l'invasion de l'Ukraine, les compagnies américaines ne peuvent pas survoler la Russie pour relier l'Asie et notamment la Chine, ce qui les rend moins compétitives face aux compagnies chinoises qui le peuvent. Aujourd'hui, Donald Trump entend faire interdire aux compagnies chinoises le survol de la Russie pour leurs vols vers les États-Unis.
Une telle décision rallongerait considérablement (plusieurs heures) les liaisons entre la Chine et les États-Unis, étant donné que la route la plus courte passe par la Russie. Il s'agirait d'en finir avec un avantage "injuste", souligne le département américain des Transports (DOT). De son côté, le gouvernement chinois dénonce une mesure "punitive", qui "entrave les échanges humains et commerciaux".
Une telle décision pourrait remettre en cause le retour timide de Boeing en Chine. A cause des tensions entre les deux pays, le dernier contrat décroché par Boeing avec les autorités chinoises remonte à 2017, et le constructeur a engrangé seulement trente commandes brutes depuis janvier 2018.
Une méga-commande en suspens
La Chine a également été le dernier pays à reprendre les livraisons de Boeing, en décembre 2023, après le crash de deux 737 MAX 8 en octobre 2018 et mars 2019, qui ont fait 346 morts au total. Le constructeur, plus gros exportateur américain, avait été pénalisé par Pékin en représailles aux droits de douane annoncés par Donald Trump sur ses importations aux États-Unis. Mais depuis, Donald Trump s'attache à glisser dans les accords commerciaux bilatéraux des commandes pour Boeing.
En août dernier, Bloomberg indiquait que Boeing était en discussions avec les autorités chinoises au sujet d'une commande pouvant atteindre jusqu'à 500 avions. De nouvelles tensions entre les deux pays pourraient donc remettre en cause cette perspective. Or, le marché chinois est stratégique pour les avionneurs et notamment Boeing avec 25% de ses exportations. Dans son dernier rapport annuel sur les perspectives de l'aviation commerciale à vingt ans, publié en juin, Boeing a estimé à 43.600 le nombre de nouveaux avions devant être fabriqués d'ici 2044 dans le monde, dont 21% pour répondre à la demande en Chine qui est devenu le deuxième marché mondial de l'aviation civile.