Une remontada sur près de 40 ans: Airbus va battre le record de son rival Boeing pour l'avion de ligne commercial le plus livré de l'histoire

Un nouvel exemple de la montée en puissance d'Airbus dans sa rivalité avec Boeing. Selon le fournisseur de données pour l'aéronautique Cirium, l'avionneur européen va bientôt battre un record longtemps détenu par son concurrent américain: celui de l'avion de ligne commercial le plus livré de l'histoire. Depuis plusieurs décennies, c'est au Boeing 737 que revient ce "titre" avec près de 12.200 livraisons sur l'ensemble de sa durée de vie.
Mais au cours des dernières années, et encore plus depuis la pandémie, l'Airbus A320 a considérablement réduit l'écart, à tel point qu'il ne se situe désormais qu'à 20 petites livraisons du monocouloir légendaire de Boeing: une courte distance qui devrait être effacée dès le mois de septembre. Dès le début des années 2000, les livraisons annuelles de l'A320 et de ses dérivés avaient dépassé celles du Boeing 737 et il avait fallu attendre 2019 pour que le total des commandes du modèle Airbus surpasse celui de son rival américain.
1.500 livraisons d'avance pour le 737 à l'arrivée de l'A320
Si Airbus annonce la construction de l'A320 en 1981 pour se positionner sur la catégorie d'appareils la plus utilisée dans l'aviation commerciale, ce n'est que sept ans plus tard que le nouvel avion de ligne monocouloir commence à être produit et entre donc officiellement dans la course pour rattraper le 737. À cette époque, le Boeing 737 a une avance confortable de 1.500 livraisons qu'il va plus ou moins réussir à conserver jusqu'au début du XXIème siècle.
Pour notamment répondre à la demande des compagnies aériennes américaines, Airbus va distinguer son A320 du 737 en le dotant de commandes de vol électriques numériques plus légères que les systèmes hydrauliques traditionnels, en offrant aux pilotes un manche latéral plutôt qu'un manche central mais aussi en proposant un choix de deux moteurs, synonyme de flexibilité.
Un changement de moteurs déterminant
Les changements de moteurs opérés par les deux avionneurs sur leur monocouloir respectif ont chamboulé leur compétition. Airbus a pris les devants avec la version néo de l'A320 qui a vite connu un succès retentissant grâce à ses nouveaux moteurs à faible consommation de carburant. Boeing a répondu avec le 737 Max doté de moteurs plus puissants ainsi que du système de contrôle automatisé de l'assiette (MCAS) mais ce dernier sera mis en cause dans deux accidents mortels qui entraîneront l'immobilisation mondiale de l'appareil pendant presque deux ans à partir de 2019.
Mais l'A320neo a aussi récemment connu des déconvenues, certes moins préjudiciables, liées à des défauts identifiés sur les revêtements de haute technologie qui permettent à ses turboréacteurs à engrenages Pratt & Whitney de fonctionner à des températures élevées. Cet épisode a contraint les compagnies aériennes clientes à envoyer leurs A320neo en maintenance, ce qui a ainsi temporairement saturé les ateliers de réparation et donc immobilisé au sol des centaines d'avions en attente d'inspection et de réparation, comme l'explique Bloomberg.
Quel avenir pour les deux monocouloirs?
Si l'A320 et le 737 représentent aujourd'hui près de la moitié de la flotte mondiale d'avions de ligne en service, Airbus et Boeing cherchent à donner un second souffle à leur catalogue d'appareils alors que Pékin s'invite dans la compétition avec son modèle Comac C919. Plus gros avion de transport de passagers produit en Chine, il entend profiter de la forte demande des compagnies aériennes pour les moyen-courriers mais n'est pas encore certifié pour voler en Europe ou aux États-Unis.
Le patron d'Airbus Guillaume Faury a reporté son projet d'avion à hydrogène pour se concentrer sur le développement d'un successeur à l'A320 qui permettrait d'économiser encore davantage de carburant grâce à sa structure: lors de la dernière édition du salon du Bourget en juin, il a fixé l'objectif d'une mise en service au milieu de la prochaine décennie. Outre-Atlantique, le PDG de Boeing a indiqué le mois dernier que l'entreprise travaillait sur un avion de nouvelle génération mais les perspectives de concrétisation semblent plus lointaines, la santé financière de l'avionneur ayant été mise à mal ces dernières années.