Problèmes de peinture sur l'A350: Qatar Airways estime qu'il y a un risque d'incendie

Nouvel épisode dans le désormais long feuilleton qui oppose Qatar Airways et Airbus au sujet de la peinture sur les A350.
La compagnie aérienne affirme désormais que ce problème peut entrainer un incendie des réservoirs de carburant. Cette usure précoce de la peinture de surface peut laisser apparaître une sous-couche de treillis (maillage ou mesh) conçue pour absorber la foudre.
A nue, cette sous-couche peut ensuite être dégradée "par le vent et les polluants qui peuvent pénétrer à travers la surface et endommager ce maillage" qui ne remplirait plus correctement son rôle, argue la compagnie.
Conclusion de Qatar Airways, la sécurité des vols est compromise contrairement à ce qu'affirme depuis le début Airbus qui met en avant un problème "cosmétique".
"Fissures graves"
La compagnie affirme avoir inspecté les 23 A350 de sa flotte cloués au sol par le régulateur et dit avoir constaté "des fissures, dont certaines graves, en particulier autour des fenêtres, une exposition de la protection contre la foudre et des dommages à la protection contre la foudre".
Rappelons que tout commence en juin dernier lorsque la compagnie annonce justement cette immobilisation exigée par le régulateur du pays.
Très vite, l'avionneur confirme cette usure mais souligne qu'il s'agit d'un problème "cosmétique". Il affirme plus tard que "les résultats liés à la peinture de surface ont été soigneusement évalués par Airbus et confirmés par l'Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA) comme n'ayant aucun impact sur la navigabilité de la flotte A350".
Airbus déplace alors en décembre dernier le contentieux sur le terrain juridique. "Face à la méconnaissance continue de la dégradation de surface non structurelle sur sa flotte d'avions A350 par l'un de ses clients, il est devenu nécessaire pour Airbus de demander une évaluation juridique indépendante comme voie à suivre pour résoudre le différend, que les deux parties ont été incapables de régler au cours de discussions directes et ouvertes".
Bataille juridique
Et de poursuivre: "Si Airbus regrette la nécessité de suivre une telle voie, il est devenu nécessaire de défendre sa position et sa réputation".
Quelques jours plus tard, Qatar Airways contre-attaque et annonce attaquer son fournisseur devant la justice britannique en assurant n'avoir "pas d'autre choix que de rechercher un règlement rapide de ce litige par le biais des tribunaux".
"Nous avons malheureusement échoué dans toutes nos tentatives pour parvenir à une solution constructive avec Airbus concernant la "dégradation accélérée de la surface (des fuselages) qui a un impact négatif sur l'Airbus A350", explique la compagnie. Ces procédures visent à "garantir qu'Airbus répondra désormais à nos préoccupations légitimes sans plus tarder", détaille-t-elle.
Interrogé par l'AFP, Airbus a alors assuré être "prêt à recourir à une action en justice afin de résoudre ce litige, face à une caractérisation erronée des problèmes de dégradation de surface non structurelle sur certains A350, dont la cause profonde a été identifiée".
Indemnité et annulation de contrat
En janvier dernier, la compagnie aérienne du Golfe, dans le cadre de sa plainte déposée en Angleterre, exige une indemnité de 618 millions de dollars (546 millions d'euros) à l'avionneur européen. Quelques jours plus tard, en réaction à cette annonce, Airbus annule un contrat distinct pour la livraison de 50 A321neo.
De quoi accentuer la pression sur Qatar Airways qui se retrouve dans une position difficile. La compagnie risque en effet de n'avoir pas assez d'appareils pour accompagner ses opérations (notamment pour la Coupe du monde de football) et son développement. Ces avions devaient être livrés à partir de 2023. Mais la justice britannique ordonne à Airbus de suspendre cette annulation...
L'affaire doit être tranchée par la Haute Cour de Londres à la fin du mois d'avril.