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Pilote hors du cockpit: les nouvelles hypothèses de l'accident

Les débris de  l'A320 de Germanwings dans les montagnes

Les débris de l'A320 de Germanwings dans les montagnes - Denis Bois - Gripmedia - AFPTV

Ni les autorités françaises, ni le procureur de Marseille, ni les enquêteurs du BEA ne s'aventurent deux jours après le crash à abandonner l'une ou l'autre des hypothèses potentielles. De la défaillance technique à la défaillance humaine en passant par le risque terroriste, BFMTV.com fait le point. 

Le procureur de la République de Marseille, Brice Robin, en charge du dossier du crash de l'A320 de Germanwings, s'adressera en priorité aux familles des victimes, arrivées jeudi dans les Alpes-de-Haute-Provence. Puis en milieu de journée il fera un point sur son enquête après les révélations sur l'impossibilité dans laquelle s'est trouvé le co-pilote, qui avait quitté le cockpit de l'appareil, d'y retourner pendant la chute de l'avion. Des éléments qui n'ont pas été commentés par le Bureau d'enquête et d'analyse (BEA). 

> La piste terroriste "pas privilégiée"

Ces derniers jours, les autorités françaises avaient indiqué que toutes les hypothèses sur les raisons du crash étaient sur la table, mais que la piste terroriste n'était "pas privilégiée". Sur l'explication du drame, "à ce stade, on ne ferme aucune hypothèse", avait lui indiqué Rémi Jouty, le directeur du BEA, spécialisé dans les accidents d'aéronefs.

Pour autant, aucun élément de la première boîte noire de l'appareil ne permet pas de penser à une intrusion dans le cockpit alors que l'avion n'a pas explosé en vol et a "volé jusqu'au bout" avant de se désintégrer en milliers de morceaux contre la montagne, a confirmé Rémy Jouty.

> Malaise ou problème technique

En effet, plutôt que l'option terroriste, la descente modérée de l'avion et sa trajectoire linéaire le conduisant directement sur les montagnes traduisent un comportement anormal de l'équipage. "La mis en descente de l'avion est standard jusqu'au crash final, explique l'ancien pilote Jean Serrat à BFMTV. Mais ce qui est incompréhensible pour un pilote aussi expérimenté c'est de ne pas avoir changé de trajectoire pour quitter le couloir aérien en cas de problème".

Le pilote, qui était aux commandes et seul dans le cockpit, peut aussi avoir été victime d'un malaise, d'une dépressurisation du cockpit, d'un incendie ou d'un problème technique puisque l'on entend sur la boîte noire exploitée les signaux d'alarme. Mais "s'il avait été inconscient, la trajectoire serait restée stable jusqu'à épuisement du kérosène', explique l'ancien pilote.

Simplement, l'examen du CVR (Cockpit voice recorder) a révélé que celui resté à l'extérieur a tenté d'entrer, sans succès, quitte à user de la force. Or, "malgré les codes d'accès, il n'a pas pu entrer dans le cockpit, s'étonne Jean Serrat. Le verrouillage a donc été volontaire".

> La thèse du suicide

Par conséquent, l'hypothèse du suicide du pilote à l'intérieur du cockpit existe et après avoir étudié les passagers présents dans l'avion, les enquêteurs se focalisent sur la personnalité des deux pilotes de la compagnie allemande dont la nationalité n'a pas été communiquée.

Mais pour la pilote Daphné Desrosiers, interrogée par BFMTV, son métier est très contrôlé. "On vous délivre, selon votre âge, un certificat d'aptitude physique et mentale" à piloter. Ces examens sont effectués "au moins tous les ans, pour certains tous les six mois", explique-t-elle, regrettant les "spéculations" en cours.

"Le suicide est avéré dans très peu de cas, peut-être trois ou quatre cas, et est soupçonné dans quelques autres cas" d'accidents d'avions, explique, sur BFMTV, Jean-Claude Troadec, ancien directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses. "Dans l'histoire de l'aviation, ce sont des événements rarissimes".