Paquebot MSC World Europa: une ville flottante et hybride au GNL

Il faut monter à bord du "MSC Wolrd Europa" pour prendre la mesure de son gigantisme. 333 mètres de long, 68 mètres de haut, 11 restaurants, 21 bars, 2 salles de spectacle, 2600 chambres, galerie commerciale, casino…
"Un village flottant avec l'animation d'une ville", explique Patrick Pourbaix, le directeur général de MSC croisières en France. Un gros village toutefois puisque ce nouveau mastodonte peut accueillir jusqu'à 8000 personnes, équipage compris.
Un milliard d'euros
MSC à déboursé un milliard d'euros pour le construire. Ce chantier a été mené tambour battant par les Chantiers de l'Atlantique, en à peine deux ans et demi de travaux. Les ouvriers ont encore trois mois pour le terminer. Installation de cuisines, des boiseries, pose de la moquette, des lustres, on teste l'alimentation des moteurs, les systèmes anti-incendie...
Des centaines d'ouvriers s'affairent. ll faut notamment jongler avec une supply-chain tendue et parfois faire face aux pénuries. C'est le cas par exemple en ce moment avec les enceintes audio de l'américain JBL qui sont en rupture de stock.

Premier Paquebot de MSC au GNL
Ce n'est pourtant pas par son gigantisme que le "MSC World Europa" veut briller. Sa particularité réside dans sa propulsion. C'est le premier paquebot hybride de la compagnie. Capable de fonctionner au gaz naturel liquéfié. A bord, explique la responsable du chantier, des réservoirs de gaz de la taille "de deux piscines olympiques".
Les cinq moteurs "dual fuel" de ce navire peuvent tourner avec du fuel marine et du GNL. Le gaz permet une réduction de 25% des émissions de C02 et les nombreux filtres permettent de supprimer la majorité des particules fines, des oxydes de soufre et d'azote. Cerise sur la gâteau, une pile à combustible est placée au sommet du navire.
Cette dernière transforme le gaz en hydrogène, lui même transformé en électricité. Un démonstrateur, mais sur le papier cette (petite) pile de 150 kilowatts est capable d'alimenter le "Yatch Club", une zone du bateau exclusivement réservée au séjour d'une clientèle premium. La pile à combustible, "une technologie d'avenir" pour la croisière, résume Patrick Pourbaix.

Le Pari de MSC
Le Msc world Europa s'apprête toutefois à sortir des chantiers dans un environnement complexe. D'abord, ce navire en partie alimenté au GNL est reçu en pleine crise du gaz russe! Le symbole est cruel. Ensuite, le souvenir de la pandémie reste cuisant: activité à l'arrêt pendant des mois, enfin une opinion publique et des municipalités parfois rétives face à ces mastodontes qui viennent débarquer leurs milliers de passagers.
Pas de quoi cependant inquiéter MSC, le groupe déroule sa stratégie axée principalement sur la réduction de son empreinte environnementale. Objectif: 40% de réduction des émissions de CO2 d'ici 2030 et neutralité carbone pour 2050. Pas de temps à perdre: outre les modes de propulsion les économies d'énergie se cachent dans les détails; minuteurs pour ne pas laisser les cuisines en chauffe toute la journée, ampoules à LED, gestion intelligente des réseaux électriques, remontée des données en temps réel, utilisation de la chaleur des cheminées pour chauffer l'eau, traitement des eaux de ballast, des fumées...
"Les passagers sont là", explique Patric Pourbaix. Les réservations pour cet été sont dynamiques, 85% du niveau d'avant-crise. Le croisiériste espère même un retour à la normale avant la fin de l'année. "Ces navires sont aussi des destinations à elles seules", ajoute le directeur de MSC croisières France.

Bref, l'armateur ne manque pas d'arguments. Il rappelle que seize de ses dix-neufs navires ont été construits par les Chantiers de l'Atlantique à Saint-Nazaire, soit un peu plus de 20 milliards d'euros d'investissement. Ce qui fait de MSC croisières le premier client privé export de la France.