"Manque de professionnalisme": la compagnie aérienne L'Odyssée annule tous ses vols

La compagnie aérienne régionale L'Odyssée devait utiliser ce type d'avion, l'ATR 72-600. - ATR
Fiasco complet pour la toute jeune compagnie aérienne régionale L'Odyssée. Fin 2024, cette marque commerciale du groupe Jet Airlines, en partenariat avec Edeis (un gestionnaire de 17 aéroports régionaux), avait annoncé son intention de lancer des liaisons régionales estivales depuis Tours et Nîmes vers Nice, Ajaccio, Bastia mais aussi vers Florence, Barcelone et Genève. Objectif, dynamiser ces aéroports régionaux et faciliter les échanges.
Mais aucun avion ne décollera, ni cet été, ni plus tard. Dans un communiqué, Edeis dit avoir "été informé aujourd’hui par la compagnie L’Odyssey de sa décision unilatérale, et sans discussions préalables avec ses partenaires, d’annuler ses engagements pris de développement d’aviation commerciale en France".
"Malgré un lancement prometteur et des niveaux de réservation très encourageants, L’Odyssey a ainsi décidé de suspendre ses opérations aériennes, invoquant un différend juridique avec son principal partenaire technique, qui aurait unilatéralement revu à la hausse les conditions financières à quelques semaines du lancement, rendant le modèle économique de la compagnie intenable. L'Odyssey reconnaît également avoir sous-estimé certains risques opérationnels et contractuels", poursuit le gestionnaire.
Ce dernier dénonce "le manque de professionnalisme de l’Odyssey et son absence de transparence. Cette décision et ces légèretés de gestion nuisent à Edeis, aux engagements pris envers les aéroports et compromettent l’espoir suscité auprès des usagers et des territoires concernés".
Polémique
Pour les clients qui avaient acheté des billets, Edeis saisira "l’autorité compétente en matière de droits des usagers de l’aérien afin que les engagements pris par l’opérateur aérien auprès des voyageurs soient bien respectés conformément à la législation de protection des passagers aériens".
Clément Pellistrandi "demande pardon à ces clients qui nous ont fait confiance. On était confiant sur ces vols de Tours, les remplissages étaient bons. Malheureusement, plutôt que de commencer les vols et de devoir s'arrêter en plein milieu de saison, et faire faillite, nous avons fait le choix, certes compliqué, mais raisonnable, d'annuler les vols pour pouvoir engager un processus de remboursement des clients.", confie-t-il à nos confrères d'ICI.
L'Odyssée disparaît donc avant d'avoir fait voler le moindre avion. Son idée était de proposer des liaisons mal desservies en train (pas de trajet direct) et sans passer par Paris, pendant l'été.
"Ces aéroports de proximité, avec moins de fréquences de vols, ont tous leur complémentarité avec le train, et ne sont pas en compétition", expliquait Clément Pellistrandi.
"Tout ne peut pas être pensé pour Paris. Les territoires ont des besoins d’interconnexion, tant pour des motifs de développement économique, que pour répondre aux besoins de déplacements des habitants de ces régions. Il y a des nécessités de proposer de nouvelles solutions de mobilité aérienne quand le ferroviaire n’est pas en mesure d'offrir des alternatives pertinentes", ajoutait Martin Meyrier, directeur général concessions d’Edeis lors de l'annonce de ces lignes.
Mais la compagnie avait très vite suscité la polémique avec le projet de ligne Nîmes-Nice distantes de seulement 279 kilomètres. "On va mettre une ligne aérienne alors que notre aéroport, qui est déjà un aéroport de centre-ville, pollue tous les Niçois. Rajouter une ligne pour un besoin aussi futile, c'est ridicule et c'est criminel", estimait Juliette Chesnel-Le Roux, conseillère municipale et métropolitaine de Nice.
En mars dernier, le projet de ligne était abandonné.