Aérien: de nouvelles liaisons Nîmes-Nice et Tours-Nice suscitent la polémique

L'aéroport de Nîmes-Alès-Camargue-Cévennes. - Aéroport de Nîmes- Syndicat Mixte Nîmes-Alès, Camargue-Cévennes.
De quoi faire hurler les protecteurs de l'environnement. De nouvelles liaisons aériennes régionales vont être lancées à partir du 30 mai prochain, notamment Tours-Nice via Nîmes et Nîmes-Nice.
Elles seront assurées par la compagnie L'Odyssée, marque commerciale du groupe Jet Airlines en partenariat avec Edeis (un gestionnaire de 17 aéroports régionaux), à raison de deux vols par semaine jusqu'en septembre.
Pour Tours-Nice, "le vol, d’une durée de 2h30, comprendra une escale à Nîmes, avant d’atteindre sa destination finale", peut-on lire chez nos confrères de Var Actu.
Il s'effectuera à bord d'un ATR 72-600, doté de 70 sièges. Le positionnement tarifaire se veut agressif puisque les billets seront proposés à partir de 95 euros le trajet.
Les deux villes sont distantes de 950 kilomètres, la liaison n'entre donc pas dans le cadre du décret interdisant les vols intérieurs lorsqu'un trajet en train de moins de 2h30 est possible, une disposition emblématique de la loi climat 2021.
Des liaisons en train trop lentes
Le trajet en train implique en effet au moins une correspondance (à Paris notamment) pour un périple d'environ huit heures. Mais en comparant la durée du trajet porte à porte, le différentiel est bien moins important (trajets vers l'aéroport, enregistrement, retard, trajet vers le centre-ville).
Mais c'est surtout le Nîmes-Nice qui sucite le plus de débats puisque les deux villes sont distantes de seulement 279 kilomètres. La compagnie proposera également deux vols par semaine (une heure de trajet) seulement pendant la saison estivale avec des prix à partir de 75 et jusqu'à 175 euros.
Le vol échappe également à la disposition de loi climat puisqu'en train, aucun trajet direct n'est proposé. Il faut changer de train à Marseille ou à Valence avec un temps de parcours supérieur à 4 heures.
Là encore, s'opposent ceux qui estiment qu'il faut rapprocher les territoires sans passer par Paris notamment pour des questions économiques, quand le train est moins performant. Et ceux qui dénoncent un choix discutable alors que l’aviation est connue pour ses importantes émissions de CO2.
"À contre-sens de l'histoire"
"Tout ne peut pas être pensé pour Paris. Les territoires ont des besoins d’interconnexion, tant pour des motifs de développement économique, que pour répondre aux besoins de déplacements des habitants de ces régions. Il y a des nécessités de proposer de nouvelles solutions de mobilité aérienne quand le ferroviaire n’est pas en mesure d'offrir des alternatives pertinentes", estime néanmoins Martin Meyrier, directeur général concessions d’Edeis lors de l'annonce de ces lignes.
"Ces aéroports de proximité, avec moins de fréquences de vols, ont tous leur complémentarité avec le train, et ne sont pas en compétition", ajoutait Clément Pellistrandi, le fondateur de Jet Airlines.
Mais pour les défenseurs de l'environnement et certains élus, on frôle l'hérésie. Cela va "à contre-sens de l’histoire et de ses impératifs écologiques, on vante la création de vols courts courriers à destination de Nice et de Barcelone. L’empreinte carbone pour de si courtes distances est considérable et à elle seule aurait dû alerter les décideurs", dénonce Valérie Rouverand, la présidente du groupe Renaissance du département du Gard dans un communiqué.
Selon le calculateur de l’Agence de la transition écologique (Ademe), un vol entre Nîmes et Nice se traduit, en moyenne, par l’émission de 60,5 kg de CO2 contre à peine plus de 1 kg de CO2 lorsque ce trajet est effectué en TGV, 3,31 kg avec un Intercités ou 10,2 kg en empruntant un TER.