JMJ : le pape François est-il en train de faire bouger l’église ?

Le pape François lors de son arrivée à Rio pour les JMJ. Sur les questions de moeurs, la position de l'Eglise ne change pas. - -
Pas de papamobile blindée ni de cordon de sécurité. C’est toutes fenêtres ouvertes que le pape François a défilé pour l’ouverture des Journées mondiales de la jeunesse à Rio, mardi. En voulant se montrer proche du peuple, il a bravé les recommandations de sécurité et s'est arrêté à plusieurs reprises pour saluer les fidèles et les embrasser.
Un peu plus tard, la messe d'inauguration des JMJ a été célébrée sur la plage de Copacabana par l'archevêque de Rio, Mgr Orani Joao Tempesta, pendant que le pape se reposait avant une journée chargée ce mercredi : visite du sanctuaire mariale Aparecida, à 200 km de Rio, et inauguration d'un centre de désintoxication dans un hôpital de la ville.
« Le pape François est en train de faire bouger les choses »
Le style, lui, détonne. Pour certains, c’est une vraie preuve de sa modernité et de l’évolution de l’église, pour d’autres un changement de forme sans réelle modification de fond. « Ce pape est réellement et sincèrement épris de pauvreté, d’humilité, de simplicité », considère le spécialiste du Vatican Bernard Lecomte. « L’Eglise doit aller vers la périphérie, dans les bidonvilles, là où il n’y a pas de chrétiens. Elle ne doit pas se contenter d’aller dans les vieux pays comme les nôtres pour maintenir les baptêmes et les enterrements. Le pape François est en train de faire bouger les choses ».
« Le pape François n'est pas moins conservateur »
Sur le terrain des valeurs, en revanche, l’image moderne du pape ne devrait en rien faire bouger les lignes. « C’est un pape populaire qui aurait tendance à devenir un pape populiste : débonnaire, familier, mais pour l’instant rien n’a changé », rappelle Philippe Levillain, le directeur du Dictionnaire historique de la papauté. « Ceux qui attendaient le mariage des prêtres, l’avortement, la promotion des femmes en sont pour leurs frais. Sur les questions de morale privée, le pape François est non moins conservateur – j’allais dire réactionnaire - que ses prédécesseurs ».
« On doit garder nos valeurs »
Julie est venue de Lille pour assister aux JMJ. A 27 ans, elle estime que la modernité du pape ne doit de toute façon pas s’effacer devant les fondamentaux. « Ce n’est pas parce qu’il est simple que les jeunes devraient accepter des choses alors que la Bible ne le dit pas, les valeurs ne doivent pas changer pour autant », considère la jeune femme. « Je pense que c’est plus une façon de faire passer les choses, c’est juste qu’il est plus proche des pauvres, c’est une façon de montrer son engagement. On doit complètement garder nos valeurs : ne pas accepter l’avortement - j’espère que le pape le fera bien passer -, ne pas marier deux hommes entre eux. Ce sont les valeurs chrétiennes et c’est ce que Jésus a prôné ».