"Je comprends très bien la différence de rémunération": un sous-préfet étrille les contrôleurs de la SNCF qui en feraient beaucoup moins que leurs concurrents de Trenitalia

Un agent de la SNCF (photo d'illustration). - Joël Saget - AFP
C'est un commentaire qui ne passe pas. Sur Facebook, Philippe Deschamps, sous-préfet de Thionville a commenté ce dimanche un post du journal Les Echos à propos d'un sondage sur les compagnies ferroviaires préférées des Français.
Et c'est une attaque en règle contre la SNCF alors que cet agent est soumis au devoir de réserve.
"On peut regarder ce que fait un contrôleur de Trenitalia et ce que fait un contrôleur français", explique-t-il dans un fil de commentaires au sujet du salaire des chefs de bord.
"J'ai comparé et je comprends très bien la différence de rémunération puisque la seule chose faite par le contrôleur de la SNCF est d'avoir dormi dans son compartiment alors que son homologue n'a pas cesser de travailler y compris en m'amenant mon repas, en ramassant les déchets, en contrôlant deux fois plus vite un wagon et en réglant en deux coups de cuillère à pot des petits soucis des passagers".
En effet, un chef de bord chez Trenitalia percevrait autour de 3.800/4.000 euros par mois alors qu'un contrôleur opérant dans un TGV toucherait en moyenne (en fin de carrière) autour de 3.400 euros nets, primes incluses (reste que les comparaisons sont très délicates étant donné la complexité des rémunérations).
Et de poursuivre son attaque: "Bref, il y en a un qui bosse dur avec le sourire et le second qui se cache pour en faire le moins possible. Bref, dès que possible, je suis les TGV SNCF au profit de Trenitalia et si vous ne savez pas pourquoi, moi en tant que client, je le sais".

Interpellé sur ce point, Philippe Deschamps répond qu'il est "un client comme un autre et apparemment, mon ressenti est partagé par le majorité des clients. Quant à l'obligation de réserve, vous en ignorez le contenu et avouez-le, c'est juste un argument commode que vous utilisez pour faire taire ce que vous ne voulez pas entendre".
Dans une autre réponse, il ajoute: "vous pouvez chercher à dénigrer ceux qui disent ce que vous ne voulez pas entendre, cela n'améliorera pas la mauvaise image de la sncf auprès de ses clients".
Partager ses critiques sur un service public sur un réseau social est évidemment tout à fait légitime. Mais pas pour un agent public qui est soumis à des devoirs de réserve, de discrétion, et de neutralité. Précisons que Philippe Deschamps commente depuis son compte Facebook officiel où on peut le voir en uniforme.
"Le devoir de réserve désigne l'obligation faite à tout agent public de faire preuve de réserve et de retenue dans l'expression écrite et orale de ses opinions personnelles", peut-on lire sur le site Service-public.fr.
Par ailleurs, il ne doit pas "manifester ses convictions qu’elles soient religieuses, philosophiques ou politiques, à l’égard des usagers et de ses collègues".
Sur les réseaux sociaux, ces commentaires suscitent la polémique. Un agent de la SNCF estime ainsi qu'il est "assez hallucinant (pour rester correct) quand on représente l’Etat français de privilégier des intérêts étrangers et de dénigrer des agents (et une profession) d’une entreprise publique".