Face aux secousses géopolitiques, la compagnie low-cost hongroise Wizz Air se retire de tout le Moyen-Orient

Un avion de la compagnie aérienne Wizz Air. - Gergely Besenyei - AFP
La compagnie hongroise à bas coût Wizz Air a annoncé lundi suspendre l'ensemble de ses vols opérant depuis sa base aux Emirats arabes unis faute de rentabilité, invoquant notamment l'instabilité d'un Moyen-Orient agité par les conflits.
Dans un communiqué publié sur le réseau social X, Wizz Air Holdings fait état d'une "réorganisation stratégique" à la suite "d'une réévaluation complète de la dynamique du marché, des défis opérationnels et des développements géopolitiques" dans la région.
La guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par l'attaque du Hamas sur le sol israélien, puis les récentes hostilités entre Israël et l'Iran, ont provoqué des fermetures à répétition des espaces aériens et une chute de la demande, souligne l'entreprise.
Elle va donc "suspendre toutes ses opérations" au départ d'Abou Dhabi à compter du 1er septembre 2025 et "se concentrer sur l'Europe centrale et orientale, "ainsi que sur certains marchés d'Europe occidentale".
Focus sur l'Europe
Fondée en 2003, Wizz Air est la septième compagnie européenne en nombre de vols quotidiens, derrière Air France, mais devant British Airways, selon des chiffres de l'organisme de surveillance du trafic Eurocontrol datant de début juin.
Elle avait lancé ses activités à l'automne 2020 depuis la capitale émiratie mais elle a subi ces dernières années l'impact des conflits et la volatilité des cours du pétrole.
La société fait aussi état "d'obstacles réglementaires" qui ont entravé son expansion et de contraintes techniques liées au climat chaud et rude de la région.
La compagnie, dotée d'une flotte de 231 appareils pour plus de 8.000 employés, a transporté en 2024 63 millions de passagers sur 833 trajets, dont une trentaine au Moyen-Orient, d'après son rapport financier.
Une ambitieuse course aux volumes qui pourrait se retourner contre elle, estime dans une récente étude l'analyste hongrois Gabor Bukta, chez Concorde Securities, alors "qu'endettée, elle ne peut s'appuyer sur de solides fondamentaux" face à la concurrence de ses rivales.
Elle a par ailleurs été affectée par les problèmes des moteurs du constructeur Pratt&Whitney, qui ont cloué au sol une partie de sa flotte d'avions Airbus.
Dans ce contexte, son titre a subi une dégringolade à la Bourse de Londres depuis le pic atteint en mars 2021, tandis que son bénéfice net a chuté de 41% sur l'exercice clos fin mars 2025.