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Transports

Eiffage favori pour reprendre l’aéroport de Toulouse

L'aéroport de Toulouse a été privatisé en 2015.

L'aéroport de Toulouse a été privatisé en 2015. - PASCAL PAVANI / AFP

L’actionnaire chinois vend sa part de 49,9%. Mais la direction de l’aéroport et les collectivités locales veulent éviter un rachat par Vinci.

Cette fois c’est peut-être la bonne. L’actionnaire chinois qui détient 49,9% de l’aéroport de Toulouse va lancer la vente de sa participation, comme l’a révélé la Dépêche du Midi. Il y a un an, il avait déjà tenté de le faire. A l’époque, l’Etat français avait refusé de lui vendre sa part résiduelle de 10% qui lui aurait donné la majorité absolue au capital de Toulouse-Blagnac. Du coup, la société chinoise Casil avait voulu vendre sa part.

Quatre candidats s’étaient manifestés : les industriels Vinci et Eiffage et les deux fonds d’investissement Ardian et Macquarie. Des offres proches de 400 millions pour les 49,9% de Casil, avaient été proposées. Mais face à autant d’appétit, le vendeur a préféré attendre un an pour faire monter les enchères. D’autant que le trafic a continué à progresser de 3,9% en 2018 après une explosion de 14% en 2017.

Les chinois espèrent en tirer 500 millions d'euros

Et depuis, l’aéroport de Toulouse a renégocié ses contrats avec les boutiques en augmentant ses redevances, et a aussi lancé des projets immobiliers. Casil a surtout trouvé un accord avec les collectivités locales, actionnaires minoritaires, pour ne pas ponctionner les réserves de l’aéroport pour distribuer de dividendes. La totalité des bénéfices de l’aéroport sera tout de même reversée aux actionnaires, soit 13,8 millions d’euros l’an passé.

Du coup, le vendeur chinois a des ambitions très élevées. Il espère tirer plus de 500 millions d’euros pour sa participation de 49% alors qu’il l’avait acheté 308 millions d’euros en 2015. Un montant réaliste au regard des marges de 60 millions d’euros. Et les mêmes candidats que l’an passé sont déjà dans les starting blocks. Et selon plusieurs sources proches du dossier, c’est Eiffage qui semble favori. D’abord car le « petit » rival de Vinci a « une envie folle de racheter l’aéroport de Toulouse », explique l’une d’elles. Son PDG, Benoît de Ruffray, a marqué son intention de développer Eiffage dans les concessions, notamment aéroportuaires, pour ne plus dépendre que du BTP. « Eiffage a un fait un gros travail de terrain à Toulouse depuis l’an passé, souligne un bon connaisseur. Et le groupe est le repreneur favori des élus locaux ». Les collectivités locales auront leur mot à dire pour que la cohabitation se passe bien.

L'Etat veut vendre sa part

Pour elles et la direction de l’aéroport de Toulouse, Vinci pèse déjà lourd en France. Ils contrôlent déjà les aéroports de Lyon, de Nantes et visent surtout les Aéroports de Paris. Toulouse-Blagnac craint d’être bridé dans le développement de ses dessertes et lésé au profit des autres aéroports de Vinci, surtout si le groupe rachetait Roissy et Orly.

Quel que soit le repreneur, l’Etat devra aussi se positionner, dire s’il entend vendre sa part de 10%, ou la conserver. Sur le fond, aucun doute qu’il la vendra à terme. Mais « vu le contexte politique, il pourrait attendre un peu et voir si le futur repreneur s’entend bien avec les collectivités locales ». En tout cas, Eiffage, Vinci et les autres candidats en lice ont bien conscience qu’ils ne rachèteront peut-être que 49,9% de Casil pour le moment. Et qu’ils devront composer avec l’Etat quelque temps. Une cohabitation qui sera plus simple pour un groupe français.