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Eboulement sur la route des stations de la Tarentaise: la SNCF appelée à renforcer son offre

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Des travaux de sécurisation doivent être menés ce qui va rendre compliqué l'accès aux stations de ski comme Tignes, Les Arcs, La Plagne, Courchevel, Méribel... SNCF Voyageurs dit être au "maximum" mais annonce ajouter un aller-retour supplémentaire entre Paris et Bourg-Saint-Maurice pendant les quatre semaines des vacances scolaires.

Alors que le passage ferroviaire dans la vallée de la Maurienne va reprendre fin mars/début avril après plus d'un an et demi de fermeture, un autre éboulement menace cette fois l'accès aux stations de la Tarentaise.

Ce samedi, trois blocs s'étaient décrochés de la falaise, à hauteur d'Aigueblanche entre Moutiers et Albertville, pour atterrir sur la RN90. Ces blocs ont franchi les mécanismes de protection, qui ont "retenu les gros rochers, mais pas tous", a expliqué le préfet de Savoie François Ravier lors d'un point presse dimanche devant la falaise à Moûtiers.

Les filets de protection installés ont été en partie arrachés dans l'éboulement. Une automobiliste a été légèrement blessée.

Cet axe majeur permet en effet de rejoindre les grandes stations de Tarentaise en particulier Val d’Isère, Tignes, Les Arcs, La Plagne, Courchevel, Méribel, Les Menuires, Val Thorens.

Si l'accès aux stations sera toujours possible grâce à l’ouverture à double sens du tunnel de Ponserand, des travaux de sécurisation doivent être menés, de quoi inquiéter l'industrie de la montagne à quelques jours du début des vacances de février pour la zone B.

"Dans ce contexte, en ma qualité de Président de l’ANMSM (Association nationale des Maires des stations de montagne), je demande à la SNCF de tout mettre en œuvre pour renforcer son offre de trains en direction des stations", exhorte Jean-Luc Boch. Ce dernier estime que de nombreux touristes vont préférer opter pour le train pour venir.

Précisons qu'aucune infrastructure ferroviaire n'a été touchée par l'éboulement.

"Notre offre est au maximum"

Pour autant, le défi est compliqué pour SNCF Voyageurs. "Notre offre TGV est au maximum pour desservir cette région en cette saison. Pendant les vacances, il y a entre une quinzaine et plus d’une trentaine de trajets entre Paris et Bourg-Saint-Maurice selon les jours. Il reste encore quelques milliers de places dans nos TGV pour s’y rendre cette semaine", nous explique un porte-parole.

"Nous nous sommes mobilisés pour aller encore plus loin et répondre aux besoins des vacanciers qui cherchent une solution: nous allons réussir à rajouter un aller-retour entre Paris et Bourg-Saint-Maurice pendant les quatre semaines des vacances scolaires, soit un millier de places supplémentaire chaque jour. C’est une petite prouesse. Les ventes seront ouvertes dans la semaine".

Si les places de TGV manquent, il sera également possible de partir de Lyon, Aix-les-Bains ou Chambéry, et d'emprunter un TER. Mais ces trains sans réservation risquent d'être pris d'assaut.

Suffisant pour rassurer? L'ANMSM tire depuis longtemps le signal d'alarme concernant l'offre ferroviaire vers la montagne qui s'est réduite au fil du temps, notamment avec la disparition de liaisons de nuit.

En novembre dernier, Jean-Luc Boch s'agaçait: "Qu’est-ce qu’on attend pour mettre la pression à un organisme de mobilité en France qui est le roi de l’immobilisme, la SNCF On attend quoi? Malheureusement la SNCF n’écoute pas".

Et d'expliquer qu'une large majorité des touristes français (qui constituent l'essentiel des clients des stations), utilisent la voiture, un moyen de transport bien plus polluant que le train. Pas idéal pour réduire le poids de l’empreinte carbone du transport vers les stations.

Une offre ferroviaire qui s'est réduite avec le temps

Les chiffres lui donnent raison. 89% des Français qui partent au ski utilisent leur voiture pour se rendre en montagne l'hiver.

Il faut dire que sur les 158 stations de ski des Alpes françaises, moins d’une dizaine sont accessibles directement en train. Pour les autres, il faut souvent changer de train et finir son périple en bus.

"A mon sens, il ne s'agit pas que d'un sujet ferroviaire: il faut organiser un service de navettes entre les gares et les stations pour acheminer les voyageurs jusqu'à destination. Cela pose la question de la capacité des régions et des stations de ski à organiser cette offre routière", ajoute Julien Joly, consultant Transports & Mobilités chez Wavestone.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business