De Boston à Washington en passant par New York: grâce à Alstom, les États-Unis goûtent enfin au train à grande vitesse

La grande vitesse ferroviaire débarque enfin aux États-Unis. Neuf ans après la signature du contrat à près de 2 milliards de dollars avec Amtrak (la compagnie ferroviaire publique américaine), et plusieurs années de retard, Alstom a mis en service mercredi son train à grande vitesse entre Boston et Washington DC en passant par New York. Preuve de l'importance de l'événement, ce trajet inaugural s'est déroulé en présence de Sean Duffy, secrétaire d’Etat aux Transports et d’Henri Poupart-Lafarge, directeur général d’Alstom.

Si ce train ne peut pas circuler à plus de 260 km/h à cause de l'infrastructure existante (contre 320 km/h pour les TGV en France par exemple), il devient néanmoins "le train le plus rapide d’Amérique", se félicite l'industriel français. Il doit circuler sur tout le corridor du Nord-Est, soit une ligne de 730 kilomètres. Précisons qu'Amstrak a reçu une petite partie des 28 rames commandées à Alstom, les livraisons doivent s'étaler jusqu'en 2027. Il ne s'agit donc pas de "très grande vitesse" comme on l'entend en France, Espagne, Italie... mais dans un pays où les trains sont lents, non prioritaires face aux convois de fret et peu compétitifs face à l'avion, ce lancement est quasiment historique.
Plus de places pour la ligne la plus fréquentée du pays
"Associant une technologie de pointe à un design moderne, chacune des 28 nouvelles rames offre 27% de places supplémentaires par rapport aux trains Acela d’Amtrak de la génération précédente et offre un service plus rapide, plus élevé et plus confortable à un nombre de passagers plus important que jamais", poursuit l'industriel français.
"Ces trains sont beaux! Ils seront plus rapides, ils pourront transporter plus de passagers. J'espère que cela va générer de meilleures recettes", a déclaré Sean Duffy, lors de la célébration du premier trajet.


Comme d'habitude, Alstom a joué la carte de l'industrie locale. "Aujourd’hui marque un tournant pour le rail américain qui témoigne de l’innovation locale et de notre engagement à revitaliser l’industrie américaine", a déclaré Michael Keroullé, président d’Alstom Amériques. 87 millions de dollars ont ainsi été investis dans l'usine Alstom à Hornell, dans l’État de New York.
"Ces trains, assemblés par des ouvriers qualifiés américains ne battent pas seulement des records de vitesse ; ils symbolisent notre engagement à apporter aux États-Unis la meilleure technologie ferroviaire au monde et à soutenir la croissance économique dans tout le pays", poursuit le dirigeant.
180 fournisseurs dans 29 États américains ont également participé au projet. Baptisé NextGen Acela par Amtrak et Avelia Liberty par Alstom, ce train s'appuie en réalité sur la plateforme "Avelia" de l'industriel (à la base du TGV M en France) avec des spécificités dédiées aux demandes de l'opérateur ferroviaire.
Industrie locale
Surtout, grâce à son nombre de sièges supplémentaires, ces rames doivent permettre d'absorber un trafic en constante croissance sur la ligne. "L’achat par Amtrak de 28 rames de nouvelle génération lui permettra de faire circuler 40% de trains en plus sur la ligne", assure le constructeur qui fournira également un soutien technique et des pièces détachées pour une durée de 15 ans.
Si ce train est plus rapide que les rames précédentes fournies à l'époque par le canadien Bombardier, depuis racheté par Alstom, il ne circule pas sur une ligne à très grande vitesse (LGV), d'où sa vitesse limitée à 260 km/h alors qu'il peut filer à 300 km/h. La seule LGV en projet se trouve du côté de la Californie entre San Francisco et Los Angeles.
Mais le projet voit ses retards et sa facture exploser (plus de 100 milliards de dollars). Au point que Donald Trump a révoqué un financement fédéral de 4 milliards de dollars. Ce n'est pas vraiment une surprise puisque le président américain et son ministre des Transports Sean Duffy ont à maintes reprises affiché leur hostilité à ce projet d'infrastructures, le qualifiant de "train vers nulle part".