Donald Trump freine le train à grande vitesse californien en annulant 4 milliards de dollars de financement

Déjà plombé par des retards chroniques, le projet de ligne à grande vitesse entre San Francisco et Los Angeles, soit un peu plus de 600 kilomètres à relier en 2h40, risque d'être considérablement freiné. L'administration Trump a en effet révoqué mercredi un financement fédéral de 4 milliards de dollars. Ce n'est pas vraiment une surprise puisque le président américain et son ministre des Transports Sean Duffy ont à maintes reprises affiché leur hostilité à ce projet d'infrastructures, le qualifiant de "train vers nulle part".
"Le chemin de fer qu'on nous avait promis n'existe toujours pas et n'existera jamais, écrit Donald Trump sur Truth Social. Ce projet a été excessivement surévalué, surréglementé et JAMAIS LIVRÉ".
Cet échec intervient alors que les responsables du projet ferroviaire recherchent des investissements privés supplémentaires pour financer son coût estimé à plus de 100 milliards de dollars. Rappelons que c'est l'Etat de Californie qui investit le plus dans le projet initié en... 2008 (notamment à travers des quotas d'émissions de CO2 achetés par des entreprises polluantes) tandis que le total des subventions fédérales devaient représenter un quart du financement. Il faut bien reconnaître que le projet a bien du mal à se concrétiser et les habitants de l'état le plus riche des États-Unis n'ont pas encore vu l'ombre d'un train.
Un coût qui a explosé se hissant à 113 milliards de dollars
Les travaux avancent très lentement alors que le budget prévisionnel explose : on parle désormais de 113 milliards de dollars contre 33 prévus initialement compte tenu notamment des contraintes géographiques et topographiques.
Les responsables de la California High-Speed Rail Authority ont écrit dans une lettre plus tôt ce mois-ci que l'administration Trump avait décidé de révoquer le financement avant même d'avoir examiné le projet en profondeur. Ils ont souligné que plus de 50 structures avaient déjà été construites, notamment des passages souterrains, des viaducs et des ponts pour séparer la ligne ferroviaire des routes par souci de sécurité.
"Annuler ces subventions sans motif est non seulement inacceptable, mais illégal", a déclaré mercredi le PDG de l'Autorité, Ian Choudri, dans un communiqué. Il s'agit d'accords juridiquement contraignants, et l'Autorité a rempli toutes ses obligations, comme l'ont confirmé plusieurs examens fédéraux, même en février 2025".
"Gaspillage"
Pour l'administration Trump au contraire, la situation est intenable. La Californie n'a "aucun plan viable" pour achever ne serait-ce que le tronçon de la Vallée Centrale, a déclaré Drew Feeley, administrateur par intérim de l'Administration fédérale des chemins de fer du ministère des Transports, dans un rapport publié le mois dernier. Ce tronçon de 192 kilomètres reliant les villes de Bakersfield et Merced, dans la Vallée Centrale, est censé être mis en service en 2033 alors qu'il devait être opérationnel en 2020. Pour Feeley, il s'agit de "promesses non tenues" et de gaspillage de l'argent des contribuables.
L'ouverture de la ligne nouvelle programmée pour 2028 - année où Los Angeles doit accueillir les Jeux olympiques - avait été annoncée en grande pompe par le président américain Joe Biden, qui compte sur le ferroviaire pour réduire l'impact climatique des transports, dans un pays où la voiture individuelle reste hégémonique. L'Autorité a demandé aux investisseurs privés potentiels de manifester leur intérêt d'ici la fin du mois pour sauver le projet tandis que le gouverneur démocrate Gavin Newsom a déclaré que l'État garderait "toutes les options sur la table" pour contester la révocation des fonds fédéraux.
"Trump veut laisser l'avenir à la Chine et abandonner la Vallée Centrale. Nous ne le laisserons pas faire", a-t-il déclaré dans un communiqué.
En attendant, l'avenir de la ligne est en suspens. Tout comme le contrat remporté par l'allemand Siemens pour la fourniture des dix premiers trains à grande vitesse.