Cabines privatives premium, tarifs "abordables": Nox veut lancer des trains nuits européens depuis l'Allemagne (et desservir Paris, Nice et Toulouse)

L'idée de cette compagnie basée à Berlin est de proposer des trajets de nuit confortables entre les grandes villes européennes dont Paris et devenir une alternative viable aux vols court-courriers.

Prendre un train de nuit le soir pour arriver dans une autre ville européenne au petit matin a longtemps été une réalité. Dans les années 1980, le réseau TEN pour Trans Euro Nuits permettait notamment aux hommes d'affaires de rejoindre de grandes villes françaises ou européennes à bord de voitures-lit confortables. Mais ce service n'a pas résisté à l'essor de l'avion.

Aujourd'hui, alors que l'engouement pour le train n'a jamais été aussi fort, les projets de nouvelles liaisons européennes nocturnes se multiplient. A l'image du berlinois Nox (nuit en latin) qui entend proposer des trajets de nuit confortables entre les grandes villes européennes dont Paris et devenir une alternative viable aux vols court-courriers.

L'idée est de se concentrer sur le confort avec des voitures composées de cabines privatives pour une à trois personnes (trois classes seront proposées) notamment équipées d'une table et d'une chaise, avec des tarifs comparables à ceux d’un billet d’avion tout en économisant une nuit d'hôtel. La cible professionnelle est ainsi clairement visée.

"Dormir pendant que le train traverse l’Europe est une idée formidable. Mais aujourd’hui, les passagers doivent partager leur compartiment avec des inconnus, les lits sont petits, inconfortables, et le billet coûte souvent plus cher qu’un vol. Nous voulons changer cela et faire du train de nuit un pilier essentiel du voyage en Europe", explique Thibault Constant, cofondateur de Nox et ancien chef de projet à la SNCF et chez Alstom, mais aussi créateur de "Simply Railway", une chaîne YouTube et Instagram sur le train qui réunit 500.000 abonnés. Il connaît donc très bien les attentes des voyageurs grâce à 400 nuits passées en train de nuit.

L'intérieur des cabines des trains de nuit Nox © Nox

L'intérieur des cabines des trains de nuit Nox © Nox

L'intérieur des cabines des trains de nuit Nox © BFM Business

Des liaisons européennes de 1.500 kilomètres maximum

Des dizaines de liaison sont au programme: Barcelone, Paris, Milan, Rome, Vienne, Budapest, Stockholm depuis Berlin, Francfort, Munich..., dans un périmètre comparable aux avions courts-courriers, c'est à dire des liaisons n'excédant pas 1.500 kilomètres, soit 12 heures afin d'éviter les retards et les risques de dysfonctionnements liés aux très grandes distances.

Le réseau de trains de nuit de l'allemand Nox © Nox

Si le confort est un argument de poids, Nox veut ferailler contre l'avion et ses prix bas. Ainsi, l'aller simple pourrait débuter à 75 euros et grimper en fonction de la classe de confort choisie et de la date

Sur le papier, le projet est prometteur, il est également porté par Janek Smalla qui a contribué au lancement de Flixtrain en Allemagne en 2017, un opérateur qui commence clairement à monter en puissance face à la compagnie historique.

Mais il se heurte comme tout projet ferroviaire à d'importantes difficultés: l'investissement colossal de départ et la production du matériel roulant.

Une première ligne en 2027

Nox serait sur le point d'annoncer une importante levée de fonds cet automne, le design intérieur est calé tandis que les voitures sont en phase finale d’homologation. La compagnie ne précise pas si une commande a été signée avec un fabricant mais donne une date de lancement: 2027 pour une première ligne depuis l'Allemagne (Hambourg-Munich ou Berlin-Vienne).

Un objectif assez audacieux si on considère les délais actuels de production et l'engorgement des (quelque) industriels européens capables de fabriquer des trains de nuit.

Mais le plan de route semble rationnel: la première ligne en 2027 sera exploitée avec du matériel existant modernisé et servira de test, si le succès est au rendez-vous, Nox ambitionne de commander des trains neufs.

Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business