C4 Picasso : il réveille la voiture qui est en lui

Réconcilier les amoureux des voitures avec les monospaces? C'est ce pari impossible que relève Citroën avec son nouveau C4 Picasso. Confort des proches et plaisir de la conduite peuvent faire bon ménage.

Pourquoi achète-t-on un monospace? Pour transporter facilement sa famille. Et il faut bien le dire, celui qui aime aussi conduire s'y retrouve rarement. S'il prend le volant de ce type de camionnette, certes très améliorée, c'est uniquement pour le confort de ses proches. Enfin c'était! Car le C4 Picasso pourrait bien réconcilier les papas amoureux des voitures avec les monospaces.

La rupture pare-brise/capot a été affirmée par rapport aux derniers Picasso. © -

Je vais être franc: je n'aime pas trop l'avant du nouveau C4 Picasso... Son "regard" me met mal à l'aise. Or, j'aime bien regarder les voitures droit dans les phares! Mais là, où faut-il regarder : dans les deux fins traits lumineux au sommet du capot ou dans ces deux parallélogrammes situés au dessus du pare-choc?

L'avant du 3e C4 Picasso me déroute. Et c'est voulu, m'a confié le chef produit. Du moins, les designers assument ce risque car ils ont cherché à donner du caractère à leur monospace. Voilà qui suffit à me clouer le bec. On ne peut pas réclamer l'audace des constructeurs et être frileux lorsqu'ils sortent des sentiers battus. Une tape sur les doigts et je promets d'avoir l'esprit ouvert pour continuer à découvrir ce Picasso-période cubique.

Déménageur élégant

Lunette arrière inclinée et feux horizontaux pour une ligne dynamique. © -

L'arrière est bien plus consensuel, il donne à la fois une impression de modernité et de solidité. La lunette arrière est suffisamment inclinée pour ne pas insister sur la vocation utilitaire du Picasso, on retrouve dans les feux le jeu de lumières en profondeur inauguré sur la DS3 et leur forme horizontale contribue à le rapprocher de la silhouette d'une voiture.

Et pour lui conserver l'accès facile au coffre, le hayon enveloppe tout l'arrière. C'est à dire qu'en ouvrant la porte du coffre (elle se lève électriquement sur certains modèles!), les feux arrières sont solidaires du hayon et on découvre alors une ouverture élargie au maximum. Une solution déjà adoptée chez Audi pour Q3, Q5 et Q7.

D'ailleurs, je retrouve dans cet arrière de C4 Picasso quelques traits des S.U.V allemands, et même de la Golf. C'est un compliment!

Style?

Le dessin de la custode (vitre arrière) inspiré de la DS5. © -

Mais l'esprit Citroën est bien là avec notamment cette custode (vitre arrière latérale) plus basse que les vitres des portières. Vous ne reconnaissez pas ce trait de crayon inauguré sur la DS5?

Cette astuce permet d'affiner l'arrière et s'applique donc désormais sur deux modèles de la gamme DS. Oubliez la forme en oeuf du tout premier Picasso, celui-ci veut montrer des lignes tendues, musclées, pour donner une image de solidité. Et en y regardant de plus près, la qualité de fabrication est réellement en nette hausse par rapport au modèle précédent. Les pièces de carrosserie sont bien ajustées, solidement fixées et ne bougent plus, les matériaux sont de qualité.

Le Technospace

Vision optimale: vous avez l'impression de piloter un TGV ou un avion! © -

Vous l'aurez lu entre les lignes, je préfère les berlines aux monospaces. Je n'apprécie pas cette position haute qui séduit tant d'automobilistes mais me donne l'impression d'être installé sur un tabouret haut qui tangue. Je n'aime pas non plus la position de conduite qu'ils imposent bien souvent, un peu penché sur le volant, comme dans un utilitaire.

Oui mais Citroën le répète dans sa publicité, le nouveau C4 Picasso n'est pas un monospace, c'est un "Technospace". Force est de constater qu'à son volant, on retrouve les sensations de conduite d'une voiture. On se sent prêt à avaler des centaines de kilomètres. La vitrerie avant a la forme d'un cockpit. Pour un peu, on se croirait aux commandes d'un TGV...

Radar anti-collision

Que de progrès accomplis ces dernières années chez Citroën... © -

Le niveau d'équipement sur cette version "Exclusive" est impressionnant. Citroën a déployé une débauche d'aides à la conduite et de fonctions de confort encore rares dans la production automobile.

Je ne m'éternise pas sur les phares et essuie-glaces automatiques, l'aide au démarrage en côte, la caméra de recul, les quatre vitres électriques, l'écran tactile, le store électrique de l'immense toit vitré, le hayon motorisé... La liste est longue.

Détail ergonomique inédit : vous pouvez poser la main pour utiliser la tablette tactile. © -

Mais certains équipements sont vraiment surprenants à ce niveau de gamme. Ainsi le régulateur de vitesse est équipé d'un radar anti-collision. Si vous roulez à 110km/h, vitesse stabilisée grâce au régulateur, il vous faudra freiner pour éviter la collision avec un modèle classique. Ici, le régulateur se débranche automatiquement dès qu'il repère un obstacle devant. La plupart du temps (et je vous le souhaite), ce sera une voiture plus lente que vous.

Le Picasso ne freinera pas pour vous mais vous n'aurez plus qu'à appuyer à nouveau sur l'accélérateur pour maintenir votre allure derrière l'automobiliste de devant ou le doubler. Mais je regrette que Citroën ne soit pas allé plus loin, pour une question de coût certainement. Les régulateurs de vitesse à radar anti-collision d'autres marques sont capables d'ajuster leur vitesse à celle du véhicule suivi, et d'accélérer quand il s'éloigne ou que l'on déboite.

Avec le C4 Picasso, le régulateur se déconnecte simplement et à moins d'être absolument seul sur l'autoroute, on se fatigue vite à devoir le réenclencher sans cesse.

Confort

Sièges réglables en tous sens, chauffants et même massants sur cette version. © -

Un petit détail qui vous confirme que Citroën a soigné son "Technospace": une fois votre ceinture de sécurité bouclée, l'enrouleur la tire légèrement pour l'ajuster à votre épaule, lors du démarrage. En roulant, le dispositif sert aussi à vous signaler que vous changez de voie, pour éviter un accident. Cela fonctionne au moindre changement de voie avec des marquages au sol, sans actionner le clignotant.

Je peux vous dire qu'on se fatigue vite de se faire secouer l'épaule gauche et qu'on déconnecte vite le dispositif! Mais pour les longs trajets où la somnolence guette, c'est très utile.

Un peu plus long, le 7 places offre deux sièges supplémentaires sur une 3ème rangée. © -

La modularité est bien sûr l'un des points forts du C4 Picasso. Il suffit d'actionner quelques manettes pour replier les sièges arrière et ajuster au mieux la capacité de chargement. Le 7 places est désormais disponible à son tour, allongé de quelques centimètres.

Les modèles 5 ou 7 places possèdent des aménagements très pratiques, des rangements répartis dans l'habitacle jusque dans le plancher, le petit miroir situé au dessus du rétroviseur bien pratique pour surveiller les enfants à l'arrière, un vide-poches gigantesque entre les sièges avant et des prises à proximité pour recharger les téléphones portables.

Classe affaires

Sur cette version haut de gamme, les enfants à l'arrière bénéficient d'un confort rare! © -

Les places arrières sont particulièrement soignées. Les enfants ne manqueront de rien avec le store enroulant, les vitres électriques, la buse d'air individuelle, la lampe dans le dossier du siège avant et l'élastique pour tenir une revue ou un doudou.

Il y a aussi les "tablettes-aviation" que l'on trouve dans tous les monospaces, même si je ne comprends toujours pas comment les utiliser. Installées derrière le dossier des sièges avant, elles sont toujours trop éloignées des sièges arrière pour servir aux enfants de table à dessin et rien ne tient dessus sans tomber au démarrage.

Le repose-pieds électrique! Seule la Mercedes classe S le proposait, à l'arrière. © -

Mais j'ai gardé le meilleur pour la fin... Le siège passager avant est équipé d'un repose-pieds à déployer électriquement. Les appuie-tête avec de petites oreilles mobiles maintiennent la tête calée. Les deux sièges avant sont chauffants et massants! Tout cela de série sur la finition "Exclusive" ou en option sur les autres.

Je peux vous dire qu'on envisage les longs voyages sans appréhension. C'est bien simple, on est installé comme en classe affaire dans un avion, la vue en plus grâce au pare-brise immense qui monte très haut et se prolonge par un toit vitré.

Et surveillez bien le compteur, sans jouer les pilotes, on se surprend très rapidement à rouler au dessus des vitesses autorisées. La "faute" à l'insonorisation soignée et à l'amortissement en net progrès. Si vous possédez le précédent C4 Picasso, vous trouverez un comportement transfiguré. Fini les mouvements de caisse excessifs. L'amortissement est suffisamment souple pour donner l'impression de survoler la route, un caractère typiquement Citroën. Ce qui est nouveau, c'est qu'on sent aussi mieux la route.

Faut-il l'acheter?

Le dessin de l'arrière est particulièrement réussi sur ce troisième C4 Picasso. © -

C'est la troisième évolution du Picasso, le monospace de milieu de gamme de Citroën. C'est en ce moment l'un des plus modernes mais le marché est très concurrentiel et le Renault Scénic, par exemple, un peu vieillissant mais encore très concurrentiel, ne lui laissera pas longtemps cette avance.

En attendant, le Citroën est un bon choix pour qui cherche à transporter sa famille dans un véhicule facile à vivre et modulable. C'est aussi sans aucun doute l'un des monospaces les plus agréables à conduire, avec un caractère qui s'approche de celui d'une berline.

Et puis, personnellement, je me suis habitué à sa drôle de face que je critiquais, le C4 Picasso m'est devenu familier!

Cédric Faiche