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Vols en retard: pourquoi la ponctualité des avions se dégrade

Selon le responsable d'Eurocontrol, cet été, la durée moyenne d'un retard dépassera 30 minutes en Europe.

Selon le responsable d'Eurocontrol, cet été, la durée moyenne d'un retard dépassera 30 minutes en Europe. - Guillaume GRANDIN - Air France

Le retard moyen des vols au départ ou à l’arrivée d’un aéroport européen va passer cet été à plus d’une demi-heure. Désormais un vol sur cinq est en retard. En cause : le manque de contrôleurs aériens.

Les compagnies aériennes ont de plus en plus de mal à faire décoller et donc atterrir leurs avions à l’heure. Et le pire est à venir. "Je m'attends à ce que le retard moyen passe à 30-35 minutes durant l'été", a prévenu ce week-end, Eamonn Brennan, le patron d'Eurocontrol, l’agence en charge du contrôle aérien en Europe interrogée par le journal zurichois NZZ am Sonntag. Bien au-dessus donc de la moyenne annuelle de l’an passé qui atteignait 20 minutes. Les retards touchent désormais un vol sur cinq au niveau européen.

La cause de cette nouvelle dégradation? Le contrôle aérien qui ne dispose pas de moyens humains suffisants pour faire face à la hausse estivale du trafic, affirme Regula Dettling-Ott, une experte du secteur interrogée par NZZ am Sonntag. Et, en la matière, les Français plombent clairement la moyenne.

Selon un rapport publié par le Sénat le mois dernier, "la France est à elle seule responsable de 33'% des retards dus à la navigation aérienne en Europe". Le sénateur UDI Vincent Capo-Canellas, l’auteur de ce rapport, en évalue le coût pour les compagnies aériennes à 300 millions d’euros.

Plus de 3 millions d'avions par an survolent la France

De fait, en raison de sa position géographique, la France est le premier espace aérien d'Europe. Plus de trois millions d’avions, y décollent, y atterrissent ou se contentent de la survoler chaque année. Et l’été est la période de pointe. En 2017, sur les dix semaines les plus chargées, neuf se situaient entre le lundi 26 juin au dimanche 10 septembre. Mais les grèves à répétition des contrôleurs aériens amplifient la responsabilité de la France dans la progression européenne des retards d'avions. Le rapport souligne aussi la vétusté du matériel dont disposent les fonctionnaires de la DGAC.

Or le trafic augmente à grande vitesse. En 2017, les aéroports français ont accueilli 164 millions de passagers, soit 6% de plus qu’en 2016. Et pour la première fois de leur histoire, Roissy-Charles-de-Gaulle et Orly ont accueilli à eux deux plus de 100 millions de passagers. Depuis le début de l’année, le trafic a continué à y croître (+3% au 1er semestre).

L'enchaînement des vols à l'origine de nombreux retards

Et cette progression assez spectaculaire explique les difficultés des compagnies à rester ponctuelles. Le contrôle aérien ne peut être néanmoins seul incriminé. Dans son dernier rapport qui date de janvier 2018, l’autorité de la qualité de service dans les transports (AQST) soulignait qu’en France, la première cause de retard de vols moyen-courrier était liée à l’enchaînement des vols.

Les rotations étant de plus en plus serrées, un avion qui n’atterrit pas à l’heure peut désormais difficilement rattraper le temps perdu lors des vols suivants. En France, près de 40% des retards sur les vols européens au départ ou à l’arrivée sont "dus à l’arrivée tardive de l’appareil" comme se plaisent à le rappeler les commandants de bord pour s’excuser avant le décollage. Et sur le trafic long-courrier, la compagnie est la première responsable.

Dans son rapport, l’AQST, soulignait d’ailleurs qu’entre le 1er janvier 2016 et le 30 juin 2017, 27% des vols long-courrier avaient affiché un retard supérieur à 15 minutes, seuil au-delà duquel cette institution estime que la compagnie n’a pas été ponctuelle.

Pierre Kupferman
https://twitter.com/PierreKupferman Pierre Kupferman Rédacteur en chef BFM Éco