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LVMH "n'est pas en mesure" de racheter Tiffany

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Cette décision fait suite à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis. Tiffany a décidé de saisir la justice.

Le rachat de Tiffany par LVMH semblait fortement compromis mercredi, après que le géant mondial du luxe a annoncé qu'il n'était pas "en mesure" de réaliser l'opération "en l'état".

"Après une succession d'événements de nature à fragiliser l'opération d'acquisition de la société Tiffany", LVMH a réuni mercredi son conseil d'administration. A son issue, LVMH a indiqué avoir "pris connaissance d'une lettre du ministre de l'Europe et des Affaires Etrangères (Jean-Yves Le Drian, NDLR) qui, en réaction à la menace de taxes sur les produits français formulée par les Etats-Unis, demande au groupe LVMH de différer l'acquisition de Tiffany au-delà du 6 janvier 2021".

A Reuters, le directeur financier de LVMH, Jean-Jacques Guiony explique que cette requête "a été une surprise complète" et qu'avant celà, il n'y a pas eu de "stratégie chez LVMH pour essayer de sortir de l'accord avec Tiffany".

"Le conseil d'administration a également pris note de la demande de Tiffany de repousser le délai limite de réalisation de l'accord du 24 novembre 2020 au 31 décembre 2020".

Pas de pénalité prévue si LVMH renonçait à cette acquisition

Mais il indique avoir "décidé de s'en tenir aux termes" de l'accord conclu en novembre 2019 prévoyant une date limite pour la clôture de l'opération au plus tard le 24 novembre 2020, et a "acté, qu'en l'état, LVMH ne serait donc pas en mesure de réaliser l'opération d'acquisition de la société Tiffany & Co" d'ici au 24 octobre.

"Un contrat est un contrat" a martelé Jean-Jacques Guiony. Tout en ajoutant que LVMH n'avait pas "totalement été satisfait de la façon dont le joaillier américain a été géré au cours des derniers mois".

Tiffany a immédiatement indiqué qu'il attaquait en justice aux Etats-Unis afin de l'obliger à faire aboutir la transaction, et assure pour sa part avoir respecté tous les termes de l'accord mais il reproche en revanche au groupe de Bernard Arnault de ne pas avoir honoré ses propres engagements, notamment pour solliciter dans les délais nécessaires les avis des autorités de la concurrence.

Rappelons que l’acquisition a été approuvée par les Conseils d’administration des deux groupes puis par les actionnaires de Tiffany en février dernier. 

Moyen de pression dans les négociations avec les USA

Selon le protocole d'accord déposé auprès de la SEC (le gendarme américain de la bourse), il n'y pas de pénalité prévue si LVMH renonçait à cette acquisition. En revanche, si c'est Tiffany qui jette l'éponge, il devrait dédommager LVMH à hauteur de 575 millions de dollars, sous certaines conditions.

Jean-Jacques Guiony avance néanmoins que cette rupture "aura un coût" mais qu'"il n'y pas d'autre choix après la requête du gouvernement".

Interrogé sur la question, le porte-parole du gouvernement Gabriel Attal a indiqué que "le gouvernement n'est ni naïf, ni passif". "Dans un contexte de négociations internationales très importantes avec nos partenaires, le gouvernement français n'est ni naïf ni passif". "Nous avons des objectifs que nous souhaitons atteindre, il y a une discussion actuelle avec un certain nombre de partenaires et notamment les Etats Unis", a-t-il ajouté.

Bloquer le mariage constitue en effet un moyen de pression pour les négociateurs français face aux américains.

JB et OC