Les vendanges menacées par la pénurie de main d'œuvre

Les vendanges ont commencé dans plusieurs régions. Après une année difficile, marquée par de longs épisodes de gel qui ont condamné une partie des récoltes, les viticulteurs sont confrontés à un autre problème. Trouver "des bras" pour les vendanges.
Chaque année, environ 400.000 saisonniers participent à ces vendanges, et un quart viennent de l'étranger. Mais cette année, les candidats se font plus rares.
"Le Covid freine les habituels vendangeurs bulgares ou turcs avec qui nous travaillons. Ils ont peur du virus et ne viennent pas cette saison", assure Adrien Sébille, gérant de ETV Sébille, un prestataire viticole en champagne dans la Marne, à France Bleu.
Par ailleurs, à cause de la météo, les vendanges ont été décalées à la mi-septembre, soit pile en même temps que la reprise des cours, privant les viticulteurs de la main d'oeuvre étudiante.
Certains vendangeurs habituels ont aussi pu trouver un autre travail avec la reprise économique.
"Cette année, on a trouvé des vendangeurs en Espagne. En France, on a beaucoup de mal à recruter des saisonniers", déplore Pascal Jaume, viticulteur dans la Drôme, au micro de BFMTV.
Les vendangeurs recrutés par Pascal Jaume ne sont pas de la première jeunesse. La majorité a 50 ans, un signe qu'il est plus difficile qu'avant de trouver des jeunes pour travailler dans les champs.
Un travail difficile et mal payé
Les problèmes de recrutement ne datent pas d'hier. "Sur les quatre à cinq dernières années, on a beaucoup de mal à recruter. La viticulture n'attire pas trop, malgré toute la communication autour", affirme à France Bleu Sophie Lauret, co-gérante de la société Banton et Lauret, une entreprise qui vient s'occuper des vendanges dans les vignobles de Gironde.
Un désamour qui s'explique par plusieurs facteurs. Tout d'abord, les vendangeurs sont souvent payés au smic pour un travail très exigeant physiquement. Par ailleurs, toutes les exploitations ne peuvent pas les loger sur place. Dans ce cas, les vendangeurs sont obligés de faire le déplacement quotidiennement, à leurs frais.
Pour pallier le manque de main d'oeuvre, certains viticulteurs investissent dans des machines à vendanger. Un tracteur viticole qui ramasse les raisins grâce à un système de vibration.
Reste que 2021 sera une année noire pour le vin français. La production devrait chuter de 24% à 30% par rapport à l'année 2020, atteignant son plus bas niveau depuis 45 ans, selon les prévisions du ministère de l'Agriculture. En cause, les épisodes de gel, de sécheresse et d'inondations qui ont frappé le territoire cette année et favorisé le développement de maladies de la vigne comme le mildiou, un champignon.