Les ETI françaises freinées par la hausse des prix et les pénuries

Retour à une réalité plus difficile pour les ETI françaises? Après un fort rebond de leur activité l'an passé, les entreprises de taille intermédiaire subissent de nombreux vents contraires en 2022 souligne la 12e enquête* annuelle de conjoncture réalisée pour bpifrance.
Du côté du verre à moitié plein, l'étude constate que 52% de ces entreprises anticipent une nouvelle hausse de leur chiffre d’affaires en 2022 (contre 9% qui pensent le contraire). Le solde d’opinion s’inscrit à +43, soit une hausse de 8 points sur un an, il rejoint ainsi son niveau d’avant crise.
Les perspectives à l’export sont également bien orientées avec un solde d’opinion à +38, en hausse de 9 points sur un an. Tout comme les créations d'emplois attendues comme dynamiques, en particulier dans l'Industrie (+19 points) et les Services (+26 points), malgré les problèmes pour trouver des compétences.
Autant d'éléments positifs en décalage avec le sentiment général que la croissance se réduit de jour en jour.
Tassement de l'activité
Mais du côté du verre à moitié vide, l'enquête souligne que "plusieurs signaux semblent toutefois pointer vers un tassement de l’activité cette année".
Ainsi, les carnets de commande sont, dans l’ensemble, moins bien orientés qu’en 2021 (le solde prévisionnel perd 13 points en un an), "seuls les Services aux entreprises et aux particuliers tirent leur épingle du jeu", peut-on lire.
Par ailleurs, les ETI font face à d’importantes difficultés d’approvisionnement. Pour deux tiers d’entre elles, ces difficultés limiteraient leur activité. Pour la moitié, l’impact s'illustre surtout par la hausse des prix des intrants non-énergétiques et les délais de livraison.
La hausse des prix de l’énergie, accentuée par le conflit en Ukraine, affecterait sensiblement 45% d’entre elles. Les dirigeants interrogés s’attendent en majorité à ce que ces tensions perdurent au-delà de 2022: 62% d’entre eux pensent y rester confrontés pour au moins un an.
Une majorité d'ETI a consommé tout ou la majorité de ses PGE
Conséquence, partant d’un niveau de trésorerie très confortable en 2021, la situation financière des ETI se dégraderait en 2022. À −11, l’indicateur prévisionnel perd 12 points sur un an.
Parmi les dirigeants interrogés, ceux des plus petites ETI et des entreprises de l’Industrie, du Commerce et du Tourisme sont les plus pessimistes. Dans ce contexte, les ETI étaient, en avril 2022, bien plus nombreuses que l’an passé à avoir consommé une majorité voire la totalité de leur PGE (56% cette année contre 33% en 2021).
Pour faire face, trois ETI sur quatre envisagent une hausse de leurs prix de vente pour amortir le choc. Un tiers prévoient toutefois de rogner sur leurs marges, la hausse des prix ne compensant que partiellement celle des coûts.
Une mesure qui risque d'assécher leurs financements (cité par 49% des ETI) même si 39% des ETI prévoyant une hausse de leurs investissements et 9% une baisse.
Hausse des investissements verts
Sur ce terrain, 70% des dirigeants interrogés envisagent d’accroître dans les cinq prochaines années leurs investissements verts, dont 42% de manière sensible. L'an passé, ils représentaient 8% des investissements des ETI.
"Malgré des difficultés de recrutement et d’approvisionnement freinant leur activité, les ETI font preuve de résilience: les perspectives d’activité et d’emploi restent en effet bien orientées en 2022. Dans un contexte de hausse des coûts de production, la situation financière des ETI se dégrade logiquement mais partant d’un niveau particulièrement confortable", commente Philippe Mutricy Directeur des Etudes de Bpifrance.
Enfin, si les ETI françaises sont bien conscientes du risque économique généré par la guerre en Ukraine, c'est bien la cybercriminalité qui est perçue comme premier "risque majeur" pour leur activité (83% contre 73%).
*: Cette 12e enquête annuelle de conjoncture a été réalisée auprès d’un peu moins de 5000 entreprises de taille intermédiaire (ETI) entre fin mars et mi-mai 2022, soit après le déclenchement du conflit en Ukraine. Les résultats portent sur un échantillon de 550 entreprises représentatives des ETI françaises.