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Le PDG des cycles Mercier conteste une nouvelle fois toute infraction pénale

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Face aux accusations de Bercy suite à l'annulation du soutien de plusieurs millions d'euros au projet de relocalisation des cycles Mercier à Revin, Jean-Marc Seghezzi clame son innocence.

Le PDG des cycles Mercier, auquel Bercy a retiré son soutien pour un projet de relocalisation, invoquant des soupçons de fraude fiscale et anti-dumping et de blanchiment, "conteste fermement toute infraction pénale" et a demandé au parquet national financier à être entendu, selon son avocat. Une "demande officielle" a été faite mercredi auprès du PNF.

"Nous contestons les faits annoncés par les autorités ministérielles, notamment par l'utilisation de prétendues structures offshore", et "dans l'hypothèse où des enquêtes sont en cours, demandons à être auditionnés dans les meilleurs délais", a affirmé vendredi à l'AFP Maitre Jean-David Scemama.

Les arguments invoqués par Bercy portent sur "des faits qu'on ne connait pas (...) factuellement. Nous n'avons aucun élément et on conteste toute infraction pénale", a-t-il ajouté.

"Des faits qu'on ne connaît pas"

L'Etat avait décidé fin juillet de retirer son soutien de plusieurs millions d'euros au projet de relocalisation des cycles Mercier à Revin (Ardennes), censé créer 270 emplois d'ici à cinq ans et suscitant l'incompréhension dans cette région.

La ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault y avait pourtant salué le projet mi-mars, y voyant "le retour du développement industriel".

"Le porteur de projet a fait - ou fait - l'objet de plusieurs enquêtes douanières et fiscales, en France et au niveau européen, dont certaines ont déjà donné lieu à des notifications de plusieurs millions d'euros à titre personnel et pour ses sociétés", avait justifié Bercy le 3 août auprès de l'AFP.

Selon le ministère, "ces enquêtes concernent notamment du détournement de droits antidumping sur des vélos par dissimulation de l'origine de vélos importés" et "les produits de ces fraudes auraient été blanchis par des réseaux de sociétés offshore appartenant au porteur de projet". "Plusieurs procédures ont également été lancées du coté fiscal, ainsi que plus récemment un signalement au procureur au titre de l'article 40".

En outre, la holding luxembourgeoise Starship Investments "du porteur de projet serait l'actionnaire de la société opérationnelle française et y investirait les fonds issus des fraudes et de leur blanchiment".

"Lynchage"

En matière de fraude fiscale, anti-dumping et blanchiment, "le ministère communique sur des procédures qui ne sont pas opposables ni opposées" et "qui seraient des enquêtes préliminaires", a pointé l'avocat, jugeant le procédé "pour le moins curieux".

La demande adressée au PNF est "le seul moyen de prendre position" face à ces annonces. "Une fois qu'on sera entendu, ça va se dégonfler comme une baudruche et le projet sera sauvé", a-t-il avancé.

Il a par contre confirmé l'existence d'un "contentieux classique" sur des dossiers douaniers concernant les cycles Mercier "avec des procédures en cours et qui pour l'instant donnent gain de cause au PDG et à ses sociétés".

Comme nous l'avait déjà expliqué Jean-Marc Seghezzi, le PDG de Mercier, ces accusations sont "diffamatoires et erronées". "On se moque du monde! Une telle volte-face compte tenu de l’avancement et de l’engagement de tous les acteurs de cette ré-industrialisation est inacceptable. Les annonces de l’Etat sont insuffisantes", estime-t-il.

Soutiens

"Aujourd’hui, je suis en colère", insiste-t-il, dénonçant ce qu'il appelle "un abandon voire un lynchage". D'autant que, selon lui, tout était prêt pour mener à bien ce projet débouchant sur la création de 270 emplois d'ici cinq ans dans une région particulièrement touchée par les délocalisations et la désindustrialisation.

L'entrepreneur peut également s'appuyer sur le soutien de certains élus de la région déçus de voir ce projet indutriel capoter.

"J’ai demandé s’il existait des décisions de justice définitives contre Jean-Marc Seghezzi: personne ne m’a répondu! Et concernant le contentieux antidumping, un arrêt de la Cour de justice européenne du 19 septembre 2019 donne raison à Jean-Marc Seghezzi! Cette manière d’agiter des rumeurs pour tenter de discréditer quelqu’un auprès des élus n’est pas digne d’un État de droit. Il existe un élémentaire devoir de respect du principe du contradictoire…", déclare Jean-Luc Warsmann député (indépendant) des Ardennes.

Sur BFM Business, Pierre Cordier, député LR des Ardennes estime que le gouvernement n'a pas fait son travail.

Olivier Chicheportiche avec AFP