Le cargo qui brûle au large des Pays-Bas a le même propriétaire que celui qui avait bloqué le Canal de Suez

Les autorités néerlandaises sont toujours engagées jeudi dans une course contre la montre afin d'empêcher une éventuelle catastrophe écologique au large de ses côtes septentrionales où un cargo transportant des voitures est en proie à un incendie pour la deuxième journée consécutive. Le Fremantle Highway, cargo de 18.500 tonnes, était parti du port allemand de Bremerhaven pour rejoindre Port-Saïd en Egypte, ville située de l'autre côté du canal de Suez, avant de reprendre la route pour Singapour, sa destination finale.
La coïncidence que constitue ce transit par le canal de Suez pourrait presque prêter à sourire. En effet, le Fremantle Highway est la propriété du groupe japonais Shoei Kisen Kaisha, une entreprise qui avait entre autres fait parler d'elle au début du printemps 2021 lorsqu'un de ses porte-conteneur, l'Ever Given, avait justement bloqué le canal de Suez pendant six jours. En empêchant le passage de plus de 400 navires, Shoei Kisen Kaisha s'était vue réclamer la somme de 900 millions de dollars par l'Autorité du Canal de Suez en guise de dédommagements. Trois mois plus tard, les deux partis s'étaient finalement accordés sur une indemnisation de 550 millions de dollars et le don d'un remorqueur de la part du groupe. Alors, que sait-on de cette entreprise et notamment du géant Imabari Shipbuilding auquel elle appartient?
L'une des plus grandes sociétés japonaises dans son domaine
Shoei Kisen Kaisha est l'une des plus grandes entreprises nippones de propriété, gestion et location de navires. Elle gère et fournit des navires à des compagnies maritimes dans le cadre d'accords d'affrètement à long terme. Elle est une des diverses filiales liées aux secteurs de la construction navale et du transport maritime que possède Imabari Shipbuilding. Elle figure parmi les plus grands constructeurs navals du pays, aussi bien en termes de tonnage que de chiffre d'affaires généré. Outre Imabari, ses installations de conception, de recherche, de construction et de réparation navale sont situées à Marugame et dans sept autres chantiers navals dans la région de la mer intérieure de Seto. Le groupe possède des bureaux de commercialisation dans la capitale Tokyo mais aussi en Europe, à Amsterdam.
Créées au tout début du XXème siècle, les installations de construction navale de la préfecture d'Ehime, au sud de l'archipel nippon, ont été regroupées sous le nom d'Imabari Shipbuilding en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale. Ces dernières années, Imabari Shipbuilding s'est illustrée par le rachat de certains concurrents, le dernier en date étant celui du constructeur naval japonais Minaminippon Shipbuilding, basé sur l'île de Kyushu. Ce rachat est survenu en 2018, année où la société est devenue le leader mondial des commandes de porte-conteneurs avec 42 commandes reçues pour une capacité totale légèrement supérieure à un demi-million de conteneurs.
Victime de la pénurie de main d'œuvre du secteur
Quelques semaines avant l'incident du canal de Suez, Imabari Shipbuilding avait officialisé la création d'une nouvelle entreprise nommée Nihon Shipyard et issue de la fusion avec Japan Marine United avec pour objectif de couvrir tous les types de navires à l'exception des méthaniers qui transportent du gaz naturel liquéfié (GNL). En parallèle de cette opération, Imabari Shipbuilding a acquis plus d'un tiers du capital de son partenaire. Cette coopération entre les deux sociétés en fait l'une des plus grandes entreprises de génie maritime et de construction navale au monde.
"Nous attendons avec impatience la revitalisation de l'économie mondiale due à la fin de la politique chinoise du "zero Covid" en 2023, mais depuis juin, nous observons un écart entre le prix proposé pour le transport maritime et le marché de l'affrètement."
Pourtant, Imabari Shilbuilding souffre du contexte actuel du secteur comme l'a récemment souligné son président Yukito Higaki, arrière-petit-fils du fondateur, lors d'une conférence de presse. Au cours de l'exercice 2022, le groupe a enregistré un volume total de 66 navires pour un tonnage de 3,24 millions de tonnes, une donnée en baisse par rapport à 2021. Le chiffre d'affaires a quant à lui atteint plus de 376,76 milliards de yens, soit environ 2,67 milliards de dollars. "En raison de la pénurie de main-d'œuvre, nous n'avons pas été en mesure d'accroître les opérations et de procéder à de nouvelles augmentations de prix [...] et les bénéfices ne se sont pas améliorés", a constaté le dirigeant qui espère "une reprise du marché après l'automne".