L'énergie va rogner les marges de la plupart des entreprises en fin d'année

Les Français ont beau adopter des conduites plus sobres sur le volet énergétique, la hausse des prix va faire des dégâts à l'hiver: selon le sondage mené par la Banque de France pour le mois de novembre, la majorité des entreprises vont subir un impact négatif sur leurs marges, et sur leur activité en général.
Dans le détail, entre 44 et 66% des entreprises, selon les secteurs, déclarent que l'énergie va avoir un "impact faible à fort" sur leurs marges. Les industriels subissent plus (66%) que le bâtiment (63%) et les services (44%). Ils sont aussi plus nombreux à déclarer de "fortes" pertes - 25% d'entre eux, contre 11% pour les services et 17% dans le bâtiment.
Les statistiques de la Banque de France montre que l'impact de la hausse des prix de l'énergie est encore à venir, pour la majeure partie du choc: les entrepreneurs sont beaucoup moins nombreux à estimer avoir été pénalisés dans leur activité passée, en octobre. Ils ne sont que 6 à 7% à déclarer de forts ralentissements de l'activité dans le passé, tous secteurs confondus; concernant l'activité à venir d'ici fin janvier, ils sont entre 10 (services) et 17% (industrie).
Ces proportions sont très proches entre les trois grands secteurs, souligne la Banque de France. Le recoupement avec des données externes suggère qu’elles varient selon l’intensité énergétique du processus de production."
L'industrie automobile est le secteur dans lequel on déclare le plus souvent un fort impact sur l'activité, devant les très consommatrices industries chimique et métallurgique, ou encore les productions de caoutchouc ou de bois et papier.
Pas de croissance négative cette année
L'énergie est la principale menace sur l'activité, puisque les relevés de la banque centrale indiquent un ralentissement de la hausse des matières premières, et des difficultés de recrutement qui se desserrent légèrement, tous secteurs confondus. Elle met en péril le premier mois d'automne sur le plan de la croissance:
Pour le mois d’octobre, l’utilisation des informations de l’enquête à un niveau de désagrégation fin, ainsi que d’autres données dont nous disposons nous amènent à estimer que le PIB serait en repli par rapport à septembre. Cela s’explique par une baisse dans les secteurs non (ou peu) couverts par l’enquête, comme l’énergie, le commerce et les transports."
Mais cette baisse, qui suit un troisième trimestre atone (+0,2% selon l'INSEE), ne serait qu'un creux avant une fin d'année avant une reprise limitée mais stable. Le dynamisme de l'été porterait encore une partie des secteurs, soutenant la consommation et les carnets de commande.
L’évolution du PIB au quatrième trimestre 2022 bénéficierait par ailleurs d’un effet d’acquis favorable lié à la progression observée au mois d’août. Selon une première projection utilisant les données de l’enquête, la croissance au quatrième trimestre serait très légèrement positive."
En novembre, les entrepreneurs maintiennent ainsi des projections positives de leur activité, malgré des niveaux d'incertitude jugés encore très élevés par rapport à la normale, en lente décrue depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine.