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Voitures électriques: comment Washington veut favoriser les constructeurs américains... sauf Tesla

Elon Musk, patron de Tesla

Elon Musk, patron de Tesla - Frederic J. BROWN - AFP

Le Congrès américain prévoit d'octroyer une subvention supplémentaire de 4500 dollars pour les voitures électriques construites par des salariés syndiqués à l'UAW (United Auto Workers, le syndicat automobile américain) présent seulement chez Ford, GM et Chrysler .

Inciter les consommateurs américains à passer à l'électrique. C'est l'enjeu du Congrès qui envisage d'offrir une nouvelle subvention de 4500 dollars à une condition de taille. Il faut que la voiture soit fabriquée par des ouvriers syndiqués. Ce projet risque de désavantager les concurrents de Ford, General Motors ou Chrysler, non seulement tous les constructeur étrangers, mais aussi Tesla dont le patron, Elon Musk, est ouvertement hostiles aux syndicats.

Ce texte, encore discuté au Congrès, prévoit un crédit d'impôt maximal de 12.500 dollars pour les véhicules électriques. Cette somme inclut l'actuelle déduction qui peut aller jusqu'à 7500 dollars à laquelle s'ajoute un crédit d'impôt de 4500 dollars si le véhicule est fabriqué par des ouvriers syndiqués aux Etats-Unis ainsi que 500 dollars si la batterie est également de fabrication américaine.

Tesla mis à l'index

En août dernier, Joe Biden avait convié à une réunion les dirigeants de Ford, General Motors et Chrysler et le et le président de l'UAW (United Auto Workers, le syndicat automobile américain) pour créer des mesures incitatives à l'achat de voitures électriques. Elon Musk n'avait pas été convié.

"Bizarre que Tesla n'ait pas été invité", avait twitté Elon Musk. "Je ne dis pas que c'est du sabotage. Mais c'est du sabotage".

Lors d'un point presse, la porte-parole de la Maison Blanche, Jen Psaki, avait été interrogée sur la mise à l'écart de Tesla était liée au refus d'Elon Musk de recruter des ouvrier syndiqués. "Ce sont les trois principaux acteurs de UAW. Je vous laisse donc tirer votre propre conclusion", avait répondu Jen Psaki.

Tesla entretient un conflit de longue date avec l'UAW, qui avait déposé une plainte en 2017, accusant le groupe d'avoir limogé des salariés pour leurs sympathies syndicales. Et en mars dernier, l'agence américaine en charge du droit du travail (NLRB) a rendu une décision défavorable au constructeur.

La mesure jugée "discriminatoire" par 24 pays

Ce projet est aussi vivement critiquée par les constructeurs étrangers. Toyota qualifie ces subventions de "discriminatoires".

"Que dit-on au consommateur américain? Que s'il veut acheter un véhicule électrique qui n'est pas fabriqué par Ford, General Motors ou Chrysler, il devra payer 4500 dollars de plus", s'insurge Toyota.

Les ambassadeurs aux Etats-Unis de 24 pays, parmi lesquels la France, l'Allemagne, le Mexique, le Canada ou encore le Japon, ont d'ailleurs envoyé samedi un courrier aux élus du Congrès américain. Ils estiment que "ce type de pratique (...) discrimine les constructeurs automobiles étrangers et nuit aux accords de commerce international".

Le Mexique et le Canada ont notamment précisé que cette mesure n'est pas conforme à l'accord Etats-Unis-Mexique-Canada (USMCA), qui avait remplacé l'Aléna (accord de libre-échange nord-américain) en janvier 2020.

Cette subvention "réduirait le choix des consommateurs sur le marché, à deux véhicules seulement éligibles au crédit (d'impôt) total, sur plus de 50 véhicules actuellement disponibles", soulignent ces ambassadeurs.

"Cela semble contre-productif pour atteindre nos objectifs communs d'émissions de carbone", ajoutent-ils.

Dans un communiqué, le puissant syndicat automobile américain, l'UAW salue ce projet de loi. "Pour que la transition vers les véhicules électriques fonctionne pour nos communautés, nous avons besoin de politiques qui favorisent la fabrication aux États-Unis et de bons emplois syndiqués", souligne le syndicat.

Pascal Samama
https://twitter.com/PascalSamama Pascal Samama avec AFP Journaliste BFM Éco