Vingt ans après sa création, l'Alliance Renault-Nissan se dote d'une nouvelle organisation

Thierry Bolloré, Jean-Dominique Sénard, Hiroto Saikawa et Osamu Masuko lors de la conférence de presse ce mardi à Tokyo, pour détailler la nouvelle organisation de l'Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi. - Behrouz MEHRI / AFP
Vingt ans après sa création, l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi prend un nouveau tournant. Un peu moins de quatre mois après l’arrestation de Carlos Ghosn au Japon, le nouveau président de Renault et de l’Alliance Jean-Dominique Sénard a détaillé ce mardi au siège de Nissan, à Yokohama, la nouvelle organisation de cette structure regroupant trois constructeurs, avec 10,8 millions de voitures vendues en 2018. L'Alliance emploie 450.000 personnes dans le monde.
Un conseil opérationnel en alternance à Paris et Tokyo
L’Alliance va se doter d’un nouveau conseil opérationnel, présidé par Jean-Dominique Sénard, comme écrit dans le protocole d'accord. Seront à la table de ce conseil les directeurs généraux des trois constructeurs: Hiroto Saikawa pour Nissan, Osamu Masuko pour Mitsubishi et Thierry Bolloré, pour Renault.
"Nous voulons donner une nouvelle impulsion à l'organisation, en la rendant plus efficace et en en simplifiant la structure", a déclaré Jean-Dominique Sénard lors de la conférence de presse qui se tenait ce mardi.
Ce conseil deviendra la seule instance décisionnaire de l’Alliance, mais sépare les pouvoirs qui ne seront pas concentrés dans les mains d'un seul dirigeant comme à l'époque avec Carlos Ghosn.
La structure néerlandaise RNBV, qui incarnait l’Alliance jusqu’à présent et était au cœur des critiques dans l’affaire Ghosn, ne sera elle plus le centre de décision. Elle restera seulement en appui du conseil. Jean-Dominique Sénard a par ailleurs annoncé que le conseil se réunira chaque mois, alternativement à Paris et à Tokyo.
Une organisation par projet industriel
L’Alliance sera aussi désormais centrée sur les projets industriels. Un chef de projet sera choisi sur chaque thématique. Chacun aura plus d’autonomie, et rapportera directement au conseil, a précisé Jean-Dominique Sénard.
"La vitesse est essentielle dans notre industrie, nous allons accélérer la manière dont nous travaillons ensemble, avec un responsable par projet, […] afin de choisir les bonnes personnes pour chaque projet, avec un lien direct avec le nouveau conseil", a précisé Thierry Bolloré, directeur général de Renault.
Les groupes de travail seront mis en place dans les prochaines semaines pour identifier les différents projets. Jean-Dominique Sénard convoquera par ailleurs une réunion similaire dans les prochaines semaines à Paris "pour confirmer ce protocole d’accord et célébrer ce nouveau départ de notre Alliance", a expliqué Jean-Dominique Sénard. "Les accords formels de la création de ce nouveau conseil seront signés à l’occasion du vingtième anniversaire de l’Alliance", peut-on lire dans le communiqué publié par Renault à l'issue de la conférence de presse.
Apaiser les tensions avec Nissan
Tout le nouveau protocole se base sur une seule volonté: apaiser les tensions entre Renault et Nissan. Il ne remet ainsi pas en cause l'accord RAMA (Restated Alliance Master Agreement), qui a fondé l’Alliance en 1999.
"Il reste en place tel qu'il est, a confirmé Jean-Dominique Sénard. Je ne demanderai pas à présider Nissan, je serai candidat au poste de vice-président".
S'il est allé très vite depuis son arrivée à la présidence de Renault le 4 janvier, Jean-Dominique Sénard a tout fait pour calmer le jeu entre les deux partenaires historiques. Tout nouveau mouvement capitalistique a ainsi été exclu. Renault détient 43% de Nissan qui en retour possède 15% de Renault, mais sans droit de vote.
Cette répartition apparaît déséquilibrée aux yeux des Japonais compte tenu des performances de Nissan comparées à celles de Renault. Le nouveau protocole d'accord prend en compte cette organisation capitalistique (Renault prend ainsi la direction de l'Alliance), tout en préservant la philosophie initiale d'indépendance (Nissan conserve une certaine indépendance de projet).