Un champion européen face au Starlink d'Elon Musk? Airbus, Thales et Leonardo passent un accord pour fusionner leurs activités satellites

Les PDG de Thales, d'Airbus et de Leonardo : Patrice Caine, Guillaume Faury et Roberto Cingolani. - Ludovic Marin, Benoît Tessier et Riccardo de Luca
Les groupes aérospatiaux européens Leonardo, Airbus et Thales ont conclu un accord-cadre sur un projet de fusion de leurs activités satellites, ont déclaré lundi deux sources proches des négociations. Dans le cadre du "Projet Bromo", nommé d'après un volcan indonésien, les trois entreprises prévoient de créer une société de fabrication de satellites afin de concurrencer leurs rivaux chinois et américains, notamment Starlink, l'entreprise d'Elon Musk.
Cet accord-cadre initial constitue la première étape de la mise en œuvre de l'accord qui pourrait prendre jusqu'à deux ans, ont déclaré les sources au fait des discussions. Leonardo, Thales et Airbus se sont refusés à tout commentaire. Le mois dernier, Reuters avait rapporté que les trois groupes avaient redoublé d'efforts pour fusionner leurs activités satellites au sein d'une coentreprise de 10 milliards d'euros sur le modèle de l'entreprise paneuropéenne de missiles MBDA.
Encore des obstacles à lever
Les discussions ont repris après une période difficile cet été, durant laquelle les parties n'étaient pas parvenues à s'entendre sur la gouvernance et la valorisation, bloquant ainsi l'accord. L'une des sources a par ailleurs déclaré que les négociations, qui impliquent la répartition entre la France et l'Italie de technologies et d'emplois stratégiquement sensibles, n'avaient pas été facilitées par la crise politique française.
Selon les analystes, le principal prochain obstacle à surmonter sera l'examen de la Commission européenne en matière de concurrence. Les précédentes tentatives de fusion des activités satellitaires au cours des dernières années ont échoué en raison de préoccupations de concurrence et de rivalités nationales. Mais l'essor spectaculaire du réseau Starlink d'Elon Musk a accru la pression sur l'Europe pour fédérer ses ressources, sous peine d'être évincée du marché.
D'après le cabinet de conseil parisien Novaspace, plus de 43.000 satellites doivent être lancés au cours de la prochaine décennie, ce qui représente un marché de 665 milliards de dollars (570,23 milliards d'euros) pour les services de fabrication et de lancement.