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Sanctions américaines: en attendant de trouver une accord, l'UE promet une riposte

Airbus grimpe en Bourse, les sanctions américaines moins sévères que prévu

Airbus grimpe en Bourse, les sanctions américaines moins sévères que prévu - AFP

L'UE espère toujours parvenir à un accord à l'amiable avec Washington afin d'éviter l'escalade d'une guerre commerciale néfaste aux deux côtés de l'Atlantique. En attendant, elle prépare un riposte sur les produits américains importés en Europe.

Face aux Etats-Unis, l'Europe ne se laissera pas faire. "Les sanctions douanières contre une myriade de produits européens que Washington prévoit de taxer "toucheront d'abord et avant tout les consommateurs et les entreprises américaines", a même prévenu jeudi un porte-parole de la Commission européenne, Daniel Rosario. Car, si l'UE tente toujours de trouver un accord à l'amiable avec Washington afin d'éviter l'escalade d'une guerre commerciale néfaste aux deux côtés de l'Atlantique, elle promet une riposte.

Washington a obtenu ce mercredi le feu vert de l'OMC pour vouloir frapper 7,5 milliards de dollars de produits européens de tarifs douaniers punitifs pouvant aller jusqu'à 25%. En retour, Bruxelles prévient que "si les Etats-Unis imposent des sanctions, ils pousseront l'UE à faire de même", a mis en garde Daniel Rosario. 

Les taxes viseront des produits fabriqués par la France, l'Allemagne, l'Espagne et le Royaume-Uni, les quatre partenaires du consortium européen Airbus. Les avions civils pourront être exportés aux Etats-Unis au prix majoré de 10%, tandis que des vins, des fromages, des olives, des coquillages ou encore des haches et des tournevis seront eux frappés d'une majoration de 25%.

Tarifs douaniers sur les voitures

Le ton monte, mais le dialogue n'est pas rompu. Côté américain, on assure toujours "espérer entamer des négociations" avec l'Union européenne. Et l'UE maintient également la porte ouverte: "nous tenons compte de la déclaration du représentant américain au Commerce que les Etats-Unis ont prévu de négocier avec l'Union européenne dans le but de résoudre ce problème", a dit Daniel Rosario. 

"La Commission européenne a invariablement communiqué aux Etats-Unis que l'UE est prête à travailler à une solution équitable et équilibrée pour nos industries aéronautiques respectives", a-t-il ajouté.

Même son de cloche à Paris. "Cela fait des mois que nous plaidons pour cet accord commercial. Nous tendons la main. Je souhaite que les Etats-Unis écoutent cette voix qui est à mon sens la voix de la sagesse", a déclaré le ministre français de l'Economie Bruno Le Maire, qualifiant ces sanctions "d'erreur économique profonde".

La France, première victime de cette guerre commerciale

Mais, ce jeudi, la porte-parole du gouvernement français Sibeth Ndiaye a annoncé sur BFMTV et RMC que la France prévoit "des mesures de rétorsion" contre les Etats-Unis en concertation avec l'Union européenne. Selon une étude du cabinet Euler Hermes, la France est le pays qui a le plus à perdre dans ce début de conflit commercial. Les pertes annuelles pour l'Union européennes pourraient s'élever à 9,7 milliards de dollars, dont 2,4 milliards pour la France, soit 0,1 point de croissance.

Dans une procédure miroir --dans le cadre de la bataille des deux avionneurs rivaux Boeing et Airbus-- l'OMC devrait, début 2020, autoriser l'UE à imposer elle aussi des droits de douane en réaction à des subventions indues versées cette fois par Washington au constructeur aéronautique américain. Il ne s'agit pas des premières taxes américaines sur des produits européens, puisque depuis le 1er juin, l'acier et l'aluminium sont frappés de droits de douane afin de réduire le déficit commercial américain.

En représailles, l'UE a ciblé des produits américains comme les Harley-Davidson, le bourbon ou les jeans. Après une relative trêve, le risque d'une escalade des sanctions n'est donc désormais pas à exclure. Donald Trump doit décider d'ici au 13 novembre s'il impose ou non des tarifs douaniers supplémentaires sur les voitures importées de l'UE, une menace particulièrement redoutée par Berlin.

Pascal Samama avec AFP