Reprise de WN (ex-Whirlpool): 44 emplois sauvés sur 182

L'usine Whirlpool d'Amiens a fermé ses portes le 31 mai. (image d'illustration). - François Nascimbeni - AFP
Quarante quatre salariés sauvés mais 138 sur le carreau: Ageco Agencement a obtenu mardi le feu vert à la reprise partielle de WN, en redressement judiciaire après avoir échoué à relancer l'activité sur l'ancienne usine de sèche-linge Whirlpool d'Amiens.
Le tribunal de commerce a validé l'offre de la société d'agencement pour les commerces et les collectivités locales. Les salariés non repris seront licenciés le 19 août, après le placement en redressement judiciaire de WN début juin, faute de débouchés pour ses casiers réfrigérés connectés et chargeurs de batteries pour vélos et voitures.
Ageco Agencement (65 salariés, 20 millions d'euros de chiffre d'affaires en 2018) est déjà implantée sur le site depuis la fermeture de l'usine du fabricant américain de sèche-linge en mai 2018.
La lutte des salariés contre la fermeture annoncée en janvier 2017 de l'usine Whirlpool, devenue le symbole des délocalisations industrielles, s'était invitée dans la campagne présidentielle avec une passe d'armes sur place entre l'Amiénois Emmanuel Macron et Marine Le Pen lors de l'entre-deux-tours.
L'usine qui employait 246 salariés a finalement fermé le 31 mai 2018 et sa production a été délocalisée en Pologne pour des raisons de rentabilité. L'industriel picard Nicolas Decayeux avait alors repris 162 des 282 ex-salariés de Whirlpool. Son entreprise, WN, devait se lancer notamment dans la production de casiers réfrigérés connectés et la fabrication de chargeurs de batteries pour vélos et voitures.
2,5 millions d'euros de subventions publiques
L'Etat avait alors versé 2,5 millions d'euros de subventions et Whirlpool 7,4 millions. Mais l'entreprise, qui emploie aujourd'hui un peu plus de 180 salariés, se trouve dans une impasse de trésorerie, faute de débouchés commerciaux concrets. Le 3 juin, elle a été placée en redressement judiciaire, avec une période d'observation de six mois.
Selon les résultats d'un audit rendu public jeudi par Bercy, environ 98,5% des dépenses réalisées par WN étaient "directement liées à l'activité de l'entreprise", mais quelque 179.000 euros suscitent "des interrogations", en lien avec "des avantages en nature pour les dirigeants".
"Les salariés vont se rendre compte qu'on les a enfarinés, qu'on leur a raconté n'importe quoi depuis le début", s'est emporté sur BFM leur avocat Me Fiodor Rilov. "Ils sont en colère et ce qu'ils attendent aujourd'hui, c'est surtout un certain nombre de décisions de justice qui vont condamner les responsables de cette catastrophe sociale."
Une deuxième offre avait été déposée, celle de Philippe Valton, ex-salarié de Whirlpool repris par WN, qui voulait reprendre neuf personnes dans un premier temps puis embaucher 90 personnes d'ici 2021 pour produire notamment des distributeurs de pizzas.