Perte de productivité, fermeture d'usines… L'industrie française au plus mal depuis le Covid

L'industrie dans la tourmente. Alors qu'il y a encore quelques mois, l'executif voulait faire passer le poids de l'industrie de 10 à 15% du PIB, les mauvaises nouvelles s'amoncellent pour le secteur. Selon les données de l’Insee, la production industrielle en France a enregistré une baisse de 1,2% au quatrième trimestre 2024 par rapport à l’année précédente.
Encore plus préoccupant, en décembre, la production en France était inférieure de 8% à son niveau de janvier 2020, juste avant la crise sanitaire.
Le ministre délégué à l'industrie, a évoqué "une situation contrastée" et "un ralentissement".
Pour ne rien arranger, les fermetures d'usines s'accélèrent. La France ferme à nouveau plus d'usines qu'elle n'en ouvre. Il faut remonter à 2015 pour trouver pareille situation. 2025 ne s'annonce pas sous de meilleurs auspices. 18 fermetures ont déjà été annoncées, contre seulement quatre ouvertures (et quatre extensions). "Pas de défaitisme, nous avons créé 500 usines depuis 2016", a tempéré le ministre de l'Économie, Éric Lombard, lors des questions au gouvernement.
Contexte français difficile
L'industrie française fait face à des défis bien identifiés, similaires à ceux rencontrés par d'autres pays européens: une production et une demande en berne, une concurrence accrue due aux surcapacités chinoises, ainsi qu'un coût de l'énergie plus élevé qu'aux États-Unis.
À cela s'ajoute un contexte français particulier. La dissolution de l'Assemblée nationale a coupé l'élan économique en juin, générant de l'incertitude pour les entreprises. Flou accentué par la destitution du gouvernement Barnier en décembre, sans être parevenu à faire voter un budget pour la France. Pour le patronat français, ce contexte a coûté cher au pays.
Alors que la France s'est finalement dotée d'un budget pour 2025 avec l'aide de l'article 49.3 de la Constitution, les doutes ne sont toutefois pas dissipés. Dans son rapport annuel sur la compétitivité de la France publié le 13 février, l’institut d’études économiques Rexecode (réputé proche du patronat) estime que "les mesures mises en œuvre dans la loi de finances pour 2025 constituent une menace pour l’attractivité de la France".
Des secteurs mis à mal
Le secteur de la sidérurgie fait partie des industries les plus durement affectées. Il pâtit notamment de la mauvaise passe traversée par une autre filière industrielle: l'automobile, grand marché client de l'acier. Après la signature par Donald Trump d'un décret portant les droits de douane sur l'acier à 25% en provenance de l'Union européenne, le secteur s'inquiète.
Le 22 janvier, lors d'une intervention devant l’Assemblée nationale, le PDG d’Arcelormittal France, Alain Le Grix de la Salle, a affirmé que "tous les sites européens présentent aujourd’hui des risques de fermeture".
D'ici le printemps, le géant de l'acier prévoit déjà la fermeture de deux sites, situés à Denain (Nord) et Reims (Marne), entraînant la suppression de plus de 130 emplois. Par ailleurs, le groupe a décidé de mettre en pause ses investissements destinés à la décarbonation des hauts-fourneaux de Dunkerque, un projet de 1,8 milliard d’euros, dont 850 millions de subventions publiques, actuellement suspendu.
Le secteur de la chimie n'est pas en reste. Particulièremet sensible au coût de l'énergie, la filière craint de perdre "15.000 emplois" en trois ans sur 200.000, soit 8% de ses effectifs.