Exportations: la France perd encore en compétitivité, et le Budget 2025 ne devrait rien arranger

La France pèse de moins en moins lourd dans le commerce international. D'après une étude de l'institut Rexecode publiée ce jeudi 13 février, l'Hexagone représentait, en 2024, 2,7% des exportations mondiales de biens en valeur, soit 0,3 point de moins qu'en 2019. Un recul certes limité mais qui traduit tout de même une perte de compétitivité des produits "made in France".
Même tendance à l'échelle européenne. Les exportations tricolores, de biens et services cette fois, pesaient l'an passé 13% des exportations totales de la zone euro, là encore en baisse de 0,3 point sur un an et de 1 point par rapport à 2019 (-0,7 point en volume).
"La diminution de ce ratio depuis le début des années 2000, quand il avoisinait 18%, constitue un fait majeur pour l’économie française", relève Rexecode.
L'institut ne cache pas son inquiétude pour la suite, estimant que "les mesures mises en œuvre dans la loi des finances pour 2025 constituent une menace pour l’attractivité de la France, en remettant en question l’effort d’alignement des prélèvements sur l’industrie vers la moyenne européenne".
Et d'en remettre une couche en évoquant "l’accentuation de la surfiscalité pesant déjà sur le travail qualifié, la suspension de la baisse de la CVAE et la surtaxe d’impôt sur les sociétés" qui "constituent des signaux négatifs tout en alourdissant un taux de prélèvements déjà bien plus élevé que dans les autres pays de la zone euro".
Amélioration des parts de marché dans l'Hexagone
Si la France reste le deuxième exportateur de la zone euro, loin derrière l'Allemagne (24,3% des exportations), la trajectoire de ses parts de marché "est la plus défavorable des grandes économies" du vieux continent sur longue période, poursuit Rexecode, bien que notre voisin d'outre-Rhin observe également une baisse marquée de son poids dans les exportations européennes (1,8 point par rapport à 2019).
Dans le détail, la part de marché de la France dans les exportations des seuls biens de la zone euro a baissé de 1 point depuis 2019, ce qui représente une perte d'environ 50 milliards d'euros. L'Hexagone semble avoir plus de mal que les autres à se remettre de la baisse brutale de sa part de marché à l'exportation survenue au moment de la crise sanitaire alors qu'un redressement semblait s'amorcer en 2018 "au moment du déploiement des politiques de l'offre", rappelle Rexecode.
Côté services, le constat est globalement le même: la part de marché des exportations tricolores dans les exportations de la zone euro s'élèvait l'an passé à 13%. Un niveau stable par rapport à 2023 mais en retrait de 1,1 point par rapport à 2019. Contrairement aux biens dont les exportations semblaient se redresser avant la crise sanitaire, celles des services a diminué "presque continûment de 2013 à 2019, passant de 17,3% à 14,1% dans l'intervalle".
Seul point positif: les entreprises françaises améliorent leur compétitivité sur le marché intérieur. Dit autrement: les producteurs locaux parviennent à préserver leurs parts de marché dans l'Hexagone alors que "la part des importations dans le PIB a légèrement baissé depuis 2019", note Rexecode, alors qu'elle avait tendance à croître ces dernières décennies. Il y a quelques jours, les douanes soulignaient d'ailleurs que si le déficit commercial de la France s'était réduit à 81 milliards d'euros en 2024, c'est parce que les importations avaient davantage diminué que les exportations.