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Malgré le plan acier européen, ArcelorMittal reste évasif sur l'avenir de son site de Dunkerque

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Le plan consiste à diviser par deux environ les quotas d'acier étranger pouvant être importés dans l'UE sans droits de douane, tout en doublant les tarifs douaniers pour les importations dépassant ces quotas.

Responsables politiques locaux et CGT ont exprimé vendredi leur préoccupations devant le manque d'engagements d'ArcelorMittal sur l'avenir de son site de Dunkerque (Nord), malgré le plan acier de Bruxelles pour renforcer la compétitivité de la filière sidérurgique européenne.

"Plus l'Europe et les pouvoirs publics avancent, plus Arcelor recule. À un moment, ça suffit: il faut respecter les gens et au premier chef les salariés", a fustigé le président LR du consei régional des Hauts-de-France, Xavier Bertrand, lors d'un déplacement sur le site dunkerquois d'ArcelorMittal, où un important projet de décarbonation reste suspendu.

"Ce qui nous a été dit tout à l'heure n'est pas véritablement rassurant", a-t-il ajouté, en phase avec le maire de Dunkerque, Patrice Vergriete (divers gauche), qui a lui aussi réclamé "un engagement ferme" d'ArcelorMittal.

La Commission européenne a dévoilé mardi des mesures sans précédent pour protéger la filière acier du Vieux Continent, écrasée par la déferlante des énormes surcapacités chinoises.

Le plan consiste à diviser par deux environ les quotas d'acier étranger pouvant être importés dans l'UE sans droits de douane, tout en doublant les tarifs douaniers pour les importations dépassant ces quotas, en les taxant à hauteur de 50% contre 25% précédemment.

ArcelorMittal a suspendu un projet d'investissement massif

"Il faut maintenant transformer cette dynamique en investissements", a plaidé vendredi à Dunkerque le vice-président de la Commission européenne Stéphane Séjourné. "C'est mon rôle de rappeler aux industriels que l'exigence de résultats est partagée (...). Nous avons fait une part de notre travail, à vous aussi de faire la vôtre", a-t-il insisté.

ArcelorMittal avait salué dès mardi le plan européen. Mais le groupe réclame encore d'autres mesures fortes de Bruxelles, notamment une réforme du mécanisme d'ajustement carbone aux frontières (MACF), visant à éviter des distorsions de concurrence pour l'acier européen, soumis à des normes environnementales plus strictes qu'ailleurs.

"Nous attendons aujourd'hui que la Commission européenne puisse confirmer les termes du MACF" avant de "confirmer notre projet sur Dunkerque", a ainsi réagi vendredi le président d'ArcelorMittal France, Alain Legrix de la Salle. "Nous déciderons une fois que nous aurons la vue complète du sujet".

"ArcelorMittal mène tout le monde en bateau. Ils ont pillé nos savoir-faire et sabordent notre outil de travail. Leur but est de quitter l'Europe", a dénoncé auprès de l'AFP Gaëtan Lecocq, représentant CGT du site.

Depuis près d'un an, ArcelorMittal a suspendu un projet d'investissement massif - à hauteur de 1,8 milliard d'euros dont plus de 800 millions d'aide promise par l'Etat - dans la décarbonation de ses hauts fourneaux de Dunkerque, en arguant de la non compétitivité de l'acier produit en Europe.

Le sidérurgiste a affirmé en mai son intention de maintenir ce projet, sous réserve que Bruxelles concrétise ses mesures de protection de l'acier européen.

ArcelorMittal a aussi prévu de supprimer plus de 600 emplois en France, dont environ la moitié à Dunkerque. Le groupe a exclu de revenir sur ce PSE, soulignant qu'il était un sujet distinct de celui de la décarbonation.

OC avec AFP