BFM Business
Industries

"Le Royaume-Uni l'a fait": de plus en plus de voix (même à droite) réclament la nationalisation des sites d'Arcelormittal

placeholder video
Interrogé par Franceinfo, le sénateur du Nord Franck Dhersin (Horizons) a estimé que la décarbonation de l'acier était une "question de souveraineté nationale".

Le vaste plan social d'Arcelormittal dans le nord de la France remet la question de la nationalisation sur la table. Interrogé sur Franceinfo, le sénateur Franck Dhersin (Horizons) déclare qu'il faudrait "penser à nationaliser" les sites sidérurgiques d'Arcelormittal pour "garder la fabrication de l'acier en France". Le groupe sidérurgique envisage 600 suppressions de postes dans sept sites industriels, dont Dunkerque, concernant des fonctions support délocalisées vers l'Inde et la production.

Le sénateur du Nord "demande" au nouveau directeur général d'ArcelorMittal France, Bruno Ribo, de "dire qu'ils vont investir très rapidement sur le site de Dunkerque dans la décarbonation". "Je suis plutôt un homme de droite, mais si ça ne fonctionne pas, il faudra penser à nationaliser. C'est comme ça qu'on sauve une usine lorsque le privé ne veut plus fonctionner", estime Franck Dhersin auprès de Franceinfo, assurant que "l'avenir de l'acier est l'acier décarboné".

"Si on ne décarbone tout de suite les usines, dans les sept ou huit ans à venir, les usines disparaitront", affirme le sénateur, pour qui il s'agit d'une "question de souveraineté nationale".

François Ruffin appelle l'État à "intervenir au capital"

Un son de cloche plutôt entendu à gauche d'ordinaire dans ce genre de dossier social. "L'État français doit intervenir au capital" d'Arcelormittal, a ainsi déclaré jeudi le député François Ruffin devant le site de Dunkerque.

"L'industrie est en train de crouler. Cela fait 40 ans qu'on la mine, elle est en train de crouler sous des effets d'importations massives et à bas coût", a déploré le député de gauche de la Somme.

Selon lui, une entrée au capital de l'État n'est qu'un volet: "Il doit y avoir derrière un volet protection", avec "des protections européennes", des "taxes aux frontières", des "barrières douanières", des "quotas d'importation", sinon, "l'industrie sur notre continent, c'est fini", a-t-il estimé.

De son côté, la responsable confédérale CGT Industrie a estimé ce jeudi matin sur BFMTV qu'il ne fallait pas "rester les bras ballants", déplorant une "lente désindustrialisation" de la France. "On va continuer à pousser nos propositions, et en premier lieu la question de la nationalisation d'Arcelormittal", a poursuivi Virginie Neumayer.

"Le gouvernement britannique l'a fait" outre-Manche, "donc c'est possible", a-t-elle avancé.
La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
Lechypre d’affaires : ArcelorMittal, 600 emplois menacés en France - 24/04
5:29

Un précédent britannique

De l'autre côté de la Manche, le gouvernement britannique a en effet récemment a pris le contrôle des derniers hauts fourneaux du pays, menacés de fermeture imminente.

Propriétaire de British Steel, le groupe chinois Jingye avait annoncé son intention de fermer les deux hauts fourneaux de Scunthorpe, dans le nord de l'Angleterre, mettant 2.700 emplois en jeu. La législation d'urgence adoptée par Westminster force British Steel à poursuivre son activité, sous peine de sanctions.

Deux directeurs intérimaires ont été ensuite nommés. Ce mardi, British Steel a finalement annoncé renoncer au plan de licenciement des salariés des deux hauts fourneaux anglais.

Jérémy Bruno avec AFP Journaliste BFMTV