La France veut révolutionner les communications militaires depuis l'espace grâce aux lasers

Le projet Keraunos (« foudre » en grec ancien) vise à expérimenter une liaison de communication optique haut débit entre un nano-satellite et une station sol compacte. - Unseenlab
La guerre des étoiles passe par la communication. Lors du Forum innovation défense qui s'est tenu à Paris, la ministre des Armées, Florence Parly, a dévoilé un projet révolutionnaire. Son nom de code: Keraunos, "foudre" en grec ancien. Il s'agit d'établir une liaison laser entre un nano-satellite de 20 kg en orbite basse et une petite station au sol sur Terre, embarquée dans des véhicules, des navires ou des avions.
Le projet est mené avec deux startups rennaises, Unseenlabs et Cailabs. Il est accompagné par le ministère des Armées via le fonds Definvest. Il sera financé par l’Agence de l’innovation de défense (AID) à hauteur de 5,5 millions d’euros.
Keraunos est une première mondiale dans ce domaine. Le but est d'établir une communication optique discrète et sécurisée en haut-débit entre l'espace et la terre. Les premiers essais doivent avoir lieu en 2022 avec le lancement d'un nano-satellite.
"Les avantages de la liaison optique, par rapport à la liaison radio habituellement utilisée, sont notamment le débit, la discrétion et l’affranchissement du partage des fréquences d’émission entre différents utilisateurs", explique le ministère des Armées en précisant que "ce projet d’accélération de l’innovation constitue une première mondiale".
"Maintenir nos actifs stratégique dans l'espace"
Les deux startups impliquées dans Keraunos sont toutes deux basées en Bretagne. Fondée en 2015, "Unseenlabs développe, met en œuvre et opère une constellation de nano satellites de recueil et localisation de signaux radiofréquences permettant, aujourd’hui, la fourniture d’un service opérationnel de surveillance maritime avec une couverture mondiale". Cailabs a été créée en 2013. Elle a bâti une expertise unique au monde dans la gestion de la forme des lasers.
Cette innovation inédite est un pas de plus dans la stratégie française spatiale à des fins militaires.
"La guerre des étoiles est quelque chose qui se perçoit, on l'a vu récemment avec le tir russe contre un satellite, on avait vu des manœuvres d'espionnage ou d'approche inamicale d'un satellite russe sur un satellite militaire franco-italien, et donc nous nous préparons à maintenir nos actifs stratégiques dans l'espace. Nous en avons besoin pour mener des opérations militaires, pour communiquer, pour faire du renseignement", a déclaré à BFM Business Hervé Grandjean, porte-parole du ministère des Armées.
Ces dernières semaines, la France a accéléré la mise en place de technologies spatiales. En octobre, le satellite de télécommunication militaire Syracuse IV a été mis en orbite. Mi-novembre, une fusée Vega a mis en orbite Ceres à 700 kilomètres d'altitude. Elle se compose de trois petits satellites capables de repérer, identifier et cartographier les radars, défenses aériennes et centres de commandement adverses. Cette technologie est unique en Europe. Seuls les Etats-Unis, la Russie et la Chine disposent de dispositifs similaires.
