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La fonderie MBF Aluminium placée en liquidation judiciaire, près de 300 emplois supprimés

Légende AFP: Des employés de la fonderie d'aluminium et équipementier automobile MBF affrontent des gendarmes français alors qu'ils bloquent l'autoroute A40 entre Lyon et Genève, à Saint-Martin-Du-Fresne, dans l'est de la France, le 22 avril 2021. L'équipementier automobile français MBF a été placé en placé en redressement judiciaire depuis novembre 2020. La prochaine audience au tribunal de commerce de Dijon est prévue le 27 avril 2021.

Légende AFP: Des employés de la fonderie d'aluminium et équipementier automobile MBF affrontent des gendarmes français alors qu'ils bloquent l'autoroute A40 entre Lyon et Genève, à Saint-Martin-Du-Fresne, dans l'est de la France, le 22 avril 2021. L'équipementier automobile français MBF a été placé en placé en redressement judiciaire depuis novembre 2020. La prochaine audience au tribunal de commerce de Dijon est prévue le 27 avril 2021. - JEAN-PHILIPPE KSIAZEK

La fonderie MBF Aluminium de Saint-Claude (Jura), spécialisée dans les carters de moteurs et pièces de boîte de vitesse, avait été placée en redressement judiciaire début novembre. Sa liquidation a été prononcée ce mardi 23 juin par le tribunal de commerce de Dijon.

La liquidation de la fonderie automobile MBF de Saint-Claude (Jura), employant 270 salariés permanents, a été prononcée ce mardi 23 juin à Dijon.

"On a été mis à mort alors qu'on avait du boulot, on est dégoûtés", a réagi Saverio Vadala, représentant de l'intersyndicale CGT-CFDT-SUD de l'entreprise.

Le jugement du tribunal de commerce entraînera la suppression des 270 postes en CDI et "met au total 300 emplois sur le carreau", a précisé le syndicaliste à l'AFP, en ajoutant intérimaires et CDD.

Créée dans l'immédiat après-guerre, la fonderie MBF Aluminium, qui fabrique carters de moteurs et pièces de boîte de vitesse, avait été placée en redressement judiciaire début novembre, faute de pouvoir rembourser ses dettes.

Sa direction, représentant les actionnaires (le britannique CMV et un entrepreneur italien), avait été écartée par le tribunal de commerce durant le redressement, avec nomination d'un administrateur judiciaire.

"Passivité" de Renault, Stellantis et de l'Etat

Mardi, le tribunal n'a pas retenu l'unique offre de reprise, portée par l'entrepreneur français Michaël Azoulay. Selon un observateur du dossier, ce projet qui prévoyait la reprise d'un peu plus de 200 salariés a été jugé insuffisant en termes de garanties financières et il a été fragilisé par l'absence d'engagements de commandes des principaux clients de l'entreprise, Renault et PSA (Stellantis).

Les syndicats dénoncent la "passivité" des deux constructeurs et de l'Etat, dont ils espéraient une aide au sauvetage de plusieurs millions d'euros.

"L'État nous a condamnés", estime Nail Yalcin, délégué CGT. Le syndicaliste a annoncé la liquidation, en larmes, à une trentaine de salariés qui s'étaient déplacés à Dijon. Ils ont alors manifesté leur colère en renversant un véhicule sur une voie de tramway avant d'y mettre le feu, rapidement éteint par les pompiers, selon la police.

En "faisant la sourde oreille", l'Etat se rend "complice de la fermeture des fonderies" en France, a renchéri Saverio Vadala, représentant la CFDT.

La présidente sortante (PS) de la région Bourgogne-Franche-Comté Marie-Guite Dufay, candidate à sa réélection, a dénoncé pour sa part une "catastrophe industrielle pour tout le bassin de Saint-Claude" dans un communiqué.

"C'est une décision tragique pour les salariés et leurs familles et c'est une décision que l'on regrette. On regrette d'autant plus que les services de l'Etat sont mobilisés sur ce dossier depuis plusieurs mois pour la recherche de repreneurs", a indiqué le ministère chargé de l'Industrie, sollicité par l'AFP.

Un dispositif d'accompagnement mis en place par Bercy

"La mission de l'Etat sur ce dossier ne s'arrête pas avec le prononcé de la liquidation de l'entreprise", ajoute-t-on à Bercy, évoquant la mise en place d'un accompagnement du territoire de Saint-Claude et des salariés.

Vendredi, le gouvernement avait signé, avec l'industrie automobile, la création d'un "fonds d'accompagnement et de reconversion des salariés de la filière automobile". Doté de 50 millions d'euros financés en partie par Renault et PSA-Stellantis, il est destiné principalement à la reconversion des employés de sous-traitants en redressement ou en liquidation judiciaire.

"La fonderie MBF rentre totalement dans le dispositif" et les salariés pourront en bénéficier, précise-t-on au ministère du Travail.

J.B. avec AFP