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Des satellites catapultés à 8000 km/h: le pari de SpinLaunch pour révolutionner le lancement spatial

La centrifugeuse test de SpinLaunch

La centrifugeuse test de SpinLaunch - SpinLaunch

La startup américaine veut construire une centrifugeuse géante pour lancer des satellites en orbite. Une idée très sérieuse, financée notamment par Google et Airbus.

On utilise bien l'énergie solaire pour produire de l'électricité, alors pourquoi ne pas utiliser la force centrifuge pour envoyer des satellites dans l'espace? Cette "astuce" écolo est pourtant bien le projet de la startup américaine SpinLaunch qui entend littéralement catapulter des objets dans l'espace.

Concrètement, l'idée des ingénieurs est de faire tourner une fusée sur un bras mécanique, façon manège à sensation. Sauf que cette centrifugeuse sera dans une chambre à vide pour éviter les frottements de l'air et atteindre la vitesse de 8000 km/h. Il ne reste alors plus qu'à lâcher l'objet qui filera alors vers l'espace à 27.000 km/h en déchirant une trappe souple.

Et c'est seulement en vol que le petit lanceur allumerait son moteur pour finalement arriver jusqu'à l'orbite désirée. L'intérêt est de se passer du carburant à la fois très coûteux et polluant indispensable pour arracher la masse du lanceur et du satellite de la Terre. Sur les fusées classiques, la majeure partie de la structure est justement dédiée à ce carburant.

Comme le raconte CNN, SpinLaunch enchaîne les tests depuis sept ans. Au total, neuf lancements à une échelle plus modeste ont été réalisés, financés notamment par GV (fonds d'investissement détenu par Alphabet) ou encore Airbus Ventures.

Inspiré par le canon spatial de Jules Verne dans De la Terre à la Lune, le PDG Jonathan Yaney avait imaginé tout un tas d'idées pour utiliser la physique terrestre à la place du kérosène. Et c'est la centrifugeuse qui est sortie du lot. D'autant que cette dernière serait facilement réutilisable.

10.000 G

Mais derrière le rêve, faut-il y voir un projet concret? Interrogé par CNN, un professeur du MIT se montre dubitatif, compte tenu de l'accélération délirante: 10.000 G, ce qui réduirait un satellite (ou un homme) en morceaux. La startup assure travailler sur cette question en réfléchissant à l'aérodynamique et aux choix des matériaux. Elle estime même que ce défi n'est pas le plus important.

Pour Jonathan Yaney, c'est construire la centrifugeuse de 150 mètres de diamètre, le tout dans une chambre à vide, qui s'annonce complexe. Ajouter à cela tout l'énergie nécessaire pour atteindre la vitesse annoncée…

"Cela représente environ 2000 dollars d'électricité consommée par lancement [mais] ce sera entièrement alimenté par des énergies renouvelables", assure le PDG.

En clair, SpinLaunch a fait ses preuves mais n'a pas encore démontré sa faisabilité. Ni sa rentabilité car la myriade de nouveaux acteurs du spatial ont fait considérablement baissé le prix de la mise en orbite d'un nano satellite.

En attendant, la centrifugeuse d'essai s'apprête à relancer ses tests cette année. SpinLaunch espère des premiers lancements commerciaux en 2025.

Thomas Leroy Journaliste BFM Business