Défense: Photonis, leader mondial de la vision nocturne, va-t-il perdre son pavillon français?

Photonis va-t-il passer du drapeau tricolore à la bannière étoilée? Cette entreprise française, leader mondiale des technologies de vision nocturne, est en passe d'être rachetée par l'américain Teledyne.
Selon Les Echos, l'Américain "est bien entré en négociations exclusives pour racheter Photonis au fonds français Ardian pour une valeur d'un peu moins de 500 millions d'euros". Pour les spécialistes du secteur, non seulement la France perdrait une entreprise stratégique, mais aussi ce serait la "brader" si elle était vendue pour ce montant.
Les Echos précisent que Teledyne a récemment investi 3,6 milliards de dollars dans l'acquisitions d'une soixantaine d'entreprises pour se renforcer dans l'imagerie, les infrarouges, les rayons X, les instruments de contrôle pour la marine ou encore l'électronique pour la défense et le spatial.
Sans réponse de Thales et de Safran
L'affaire n'est pas encore conclue. C'est désormais à Bercy de rendre son verdict.
"Aucune décision n'a encore été prise, a déclaré Bruno Le Maire sur Sud Radio mi-février. "Nous regardons toutes les options, pour intégrer Photonis dans une chaîne de valeur industrielle, qui permette le développement de l'emploi et la protection de cette technologie, et nous serons très attentifs au respect de nos intérêts de souveraineté".
Mais jusque là, aucun groupe français n'a montré d'intérêt pour le dossier. Les demandes du directeur général de l'armement, Joël Barre, pour une reprise par Safran ou Thales sont restées sans réponse. La BPI ne s'est pas non plus manifesté dans ce dossier stratégique. Selon La Tribune, "Safran est prêt à prendre une participation minoritaire aux côtés d'un ou plusieurs partenaires majoritaires".
Cette pépite française dont le siège est à Mérignac, a développé des technologies de pointe pour la défense et l'aérospatiale. Son usine de Brive a été créée en 1937. C'est le plus important employeur privé de la ville.
Partenaire du projet Maven
Pour éviter cette cession, les 17 parlementaires de la commission de la Défense ont alerté le Premier ministre. A leur tête, Jean-Christophe Lagarde (UDI): "Photonis équipe nos forces spéciales et participe au projet de Laser Mégajoule. Comment imaginer que cette entreprise quitte le giron français?", a réagi le député en février.
Ce groupe est d'autant plus attentif qu'en décembre dernier, quelques jours avant la publication d'un décret portant sur le renforcement du contrôle des investissements étrangers en France, l'équipementier aéronautique Latécoère, qui équipe le Rafale et le missile M51 de ses technologies, est entré dans le giron du fonds d'investissement américain, Searchlight.
En plus d'équiper les jumelles de vision nocturne des forces spéciales, Photonis a participé à plusieurs missions spatiales. Le module Rover qui a été envoyé sur Mars était équipé de ses détecteurs. En 2014, Photonis a même reçu un prix de la Nasa pour son travail sur le projet Maven. Ce programme militaire piloté le Pentagone et Google reposait sur une flotte de drones capables de surveiller des zones. Le géant américain l'a abandonné après une vive opposition des salariés du groupe.
