Crise énergétique: l'industrie se prépare au choc de tension

Un employé de l'usine de papier journal Norske Skog travaille sur une machine à découper le papier à Golbey, dans l'est de la France, le 24 mai 2022 - Frederick FLORIN © 2019 AFP
L'hiver arrive... Pour les industriels, le mois de juin n'est pas trop tôt pour se préparer à la période la plus tendue sur le plan énergétique. Cette année 2022 sera probablement inédite entre la crise du gaz et les centrales nucléaires à l'arrêt. Les risques de tension sur le réseau sont telles que le gouvernement organise la réouverture de la dernière centrale électrique à charbon pour prendre le relais si nécessaire.
Dimanche, les trois grands énergéticiens (TotalEnergies, EDF et Engie) ont signé une tribune commune pour appeler les Français à la sobriété, manière de les préparer à toutes les éventualités.
En réalité, il y a peu de chances que les particuliers soient touchés par d'éventuelles coupures de courant. En première ligne, ce sont les entreprises et surtout les industries énergivores qui seront concernées par des délestages.
"Il faut qu'on soit prêt pour cela, affirme d'emblée Nicolas de Warren, président de l'UNIDEN (Union des industries utilisatrices d'énergie). On va vers une situation de tension importante à l'entrée de l'automne, même avec des normales saisonnières."
Faire le dos rond
L'organisation a déjà sensibilisé ses adhérents à construire un plan d'économies d'énergie.
"C'est une question de planification, insiste-t-il. A savoir, comment placer intelligemment les arrêts pour ne pas être pris au dépourvu".
L'enjeu n'est pas anodin car les risques de délestage en gaz ou en électricité sont réels pour cet hiver pour peu que le pays subisse un sérieux coup de froid. GRDF comptabilise ainsi 3700 gros consommateurs de gaz. Pour autant, tous ne peuvent pas se permettre des coupures d'approvisionnement, même courtes. Par exemple, un four à verre doit fonctionner en permanence.
En creux, c'est aussi l'avenir de l'industrie qui se prépare. Faut-il changer les installations pour passer du gaz à l'électricité? Faut-il produire soi-même son électricité comme le suggérait cette semaine Carlos Tavares?
"Notre problème, c'est le manque de visibilité sur les 3 ou 4 ans qui viennent, poursuit Nicolas de Warren. Il n'est pas improbable que le prix du gaz ne s'effondre dans les trois ans".
Effectivement, les ressources ne manquent pas et les tensions géopolitiques seront peut-être retombées d'ici là.
Reste donc à faire le dos rond pour passer cet hiver. Et cela passera aussi par une politique incitative de l'Etat, juge l'UNIDEN, qui salue d'ailleurs la tribune des énergéticiens pour plus de sobriété.