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Ariane 6: à quoi va servir CSO-3, le satellite militaire placé en orbite?

La fusée Ariane 6 a décollé depuis la Guyane française, pour son premier vol commercial, lourd d'enjeux pour la souveraineté spatiale européenne.

La fusée Ariane 6 a décollé depuis la Guyane française, pour son premier vol commercial, lourd d'enjeux pour la souveraineté spatiale européenne. - Ronan Lietar

La fusée européenne Ariane 6 a placé jeudi en orbite un satellite militaire d'observation de la Terre embarqué pour le compte de la France, un peu plus d'une heure après son décollage.

La fusée europénne Ariane 6 a placé jeudi en orbite un satellite militaire embarqué pour le compte de la France, un premier vol commercial lourd d'enjeux pour la souveraineté spatiale européenne.

Le satellite CSO-3 (pour "composante spatiale optique"), qu'Ariane 6 a placé sur une orbite à 800 kilomètres, doit compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le ministère français de la Défense et améliorer ses capacités de renseignement. Pour cette mission, la fenêtre de tir était à la seconde près, l'armée française souhaitant une orbite précise pour optimiser la qualité des prises de vues.

En Europe, seules la France et l'Italie disposent de satellites militaires, respectivement cinq avec celui lancé jeudi et deux, alors que les États-Unis comme la Chine comptent "des centaines" de satellites militaires ou civils et militaires, selon Philippe Steininger, auteur du livre "Révolutions spatiales" et consultant du Cnes, l'agence spatiale française. Le satellite CSO-3 attendait depuis 2022 d'être lancé ; ses deux prédécesseurs, CSO-1 et CSO-2, ont été envoyés en 2018 et 2020 par des vaisseaux russes Soyouz.

Conduire des opérations et surveiller des sites d'intérêt

En tant que satellite d'observation optique et infrarouge, le CSO-3 permet des prises de vue de jour de très haute résolution. "Grâce à la capacité infrarouge, il pourra détecter des sources de chaleur et prendre des vues nocturnes afin d'identifier par exemple la présence de liquide dans des tuyauteries, le passage récent d'un avion sur un parking ou la présence d'un engin blindé sous un camouflage, détaille Philippe Steininger. C'est très important pour les forces armées pour conduire leurs opérations et pour nos autorités politiques afin de se déterminer de manière totalement souveraine, avec des renseignements de première main et qui ne dépendent de personne d'autre."

"C'est aussi important pour surveiller des sites d'intérêt, voir si certains pays contreviennent à des accords internationaux ou développent des capacités d'armes de destruction massive qui sont interdites par les traités."

Le consultant du Cnes précise également que le CSO-3 "permet de faire des cartes militaires de manière très précise grâce à des prises de vue 3D": "Lorsqu'on veut attaquer des objectifs avec par exemple des missiles de croisière, le guidage final va pouvoir s'appuyer sur des prises de vue stéréoscopiques."

De son côté, le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a salué "un programme majeur qui contribue à l'appui aux opérations militaires, à l'autonomie stratégique et à la souveraineté de décision et de conduite des opérations de la France et de ses partenaires européens".

"Les satellites CSO permettent aux armées d’accéder à des images d’une qualité sans précédent en Europe, d’avoir accès à des détails plus fins et d’identifier des cibles plus petites de jour dans le visible, comme de nuit dans l’infrarouge. Ces satellites représentent ainsi une plus-value significative pour les activités d’appui aux opérations, de renseignement et de ciblage", confirme également le ministère des Armées, qui le présente comme "outil indispensable de la politique de défense de la France en garantissant une autonomie d’appréciation et une souveraineté décisionnelle dans l’espace".

TT avec AFP