737 MAX: Boeing trainé en justice par des familles américaines pour fraude

Le chemin de croix de Boeing avec son 737 MAX n'est pas terminé. L'avionneur devrait en effet être mis en accusation aux Etats-Unis.
Un juge fédéral texan a été saisi par des familles de victimes des deux crashs l'avion en 2018 et 2019 (faisant au total 346 morts) et a convoqué l'entreprise à une audience fin janvier.
Ces familles s'indignent d'un accord à l'amiable passé en 2021 entre l'avionneur et le gouvernement américain. Boeing avait reconnu que deux de ses employés avaient induit en erreur les autorités en cachant des informations sur le MCAS (le logiciel en cause lors des deux crashs) lors de la certification de l'appareil. Le groupe avait alors accepté de verser 2,5 milliards de dollars de pénalités et d'indemnités.
Un accord à 2,5 milliards de dollars
Cet accord permettait à la firme américaine d'échapper aux accusations de "complot en vue de commettre une fraude". Or, des familles de victimes affirment n'avoir pas été consultées et ont demandé, fin 2021, à un juge texan d'annuler l'accord.
Le magistrat de Fort Worth, Reed O'Connor, a reconnu en octobre que ces familles pouvaient être considérées comme des "victimes de crimes" et avaient donc, à ce titre, le droit d'être entendues.
Le juge a donc ordonné à Boeing d'envoyer un représentant le 26 janvier à une audience, où des membres de familles de victimes pourront être présentes et prendre la parole. L'entreprise devra alors théoriquement plaider coupable ou non coupable aux accusations portées à son encontre par les autorités.
Pour Robert Clifford, avocat représentant des familles de victimes, la convocation du juge est "une étape majeure" vers la possible réouverture du dossier.
Procédure rare
Le magistrat pourra alors décider de laisser l'accord en place ou de le modifier, y compris en ouvrant la possibilité de poursuivre au pénal des responsables de Boeing, affirme-t-il auprès de l'AFP. Même si ce genre d'accord conclu par les entreprises avec le ministère de la Justice sont rarement remis en cause.
Reste qu'il est très rare aux Etats-Unis qu’une entreprise soit mise en accusation dans les enquêtes sur les accidents d’avion.
Les deux crashs ont entrainé l’immobilisation au sol des du 737 MAX pendant 20 mois, et provoqué un long trou d'air pour l'avionneur américain face à son concurrent Airbus. En Chine par exemple, marché stratégique pour le secteur, le MAX n'a retrouvé le ciel que le 13 janvier dernier, il était interdit de vol depuis mars 2019.