Il avait viré 800 personnes pour les remplacer par des salariés payés sous le salaire minimum: le "patron le plus détesté du Royaume-Uni" démissionne

Peter Hebblethwaite, directeur général de P&O - DANIEL LEAL
Ils ne devraient pas être très nombreux à s'émouvoir de son départ. Comme rapporté par Sky News, le directeur général de la compagnie de ferries P&O, Peter Hebblethwaite, élu "pire patron du monde" en 2022, a décidé de démissionner.
"Peter Hebblethwaite a communiqué son intention de démissionner de son poste de directeur général pour consacrer plus de temps à ses affaires familiales", indique l'entreprise dans un communiqué.
"P&O Ferries exprime sa gratitude à Peter Hebblethwaite pour sa contribution en tant que directeur général au cours des quatre dernières années".
Quatre années particulièrement agitées pour P&O touchée de plein fouet par la pandémie de Covid-2019. Au point de licencier en 2022 800 marins du jour au lendemain afin de les remplacer par des travailleurs externalisés payés largement sous le salaire minimum britannique.
"L'homme le plus détesté du Royaume-Uni"
Cette décision brutale a créé la stupeur au Royaume-Uni où Peter Hebblethwaite a été qualifié d'"homme le plus détesté" du pays. La même année, il a été élu "pire patron du monde" en marge du Congrès de la Confédération syndicale internationale (CSI), succédant au patron de Ryanair Michael O'Leary à au fondateur d'Amazon Jeff Bezos qui s'étaient respectivement vus decerner ce titre en 2018 et 2014.
Pour sa défense, le patron de P&O n'a cessé de répéter que le modèle de coûts de l'entreprise n'était pas tenable et qu'elle perdait 100 millions de livres par an. Il avait estomaqué une commission parlementaire en expliquant que les dirigeants de P&O avaient enfreint la loi en connaissance de cause, se passant de négociations syndicales pourtant obligatoires. À la suite de ces licenciements qui ont choqué au Royaume-Uni, les autorités britanniques ont lancé des enquêtes à la fois au plan pénal et civil.
Le licenciement express des 800 marins a finalement poussé les autorités britanniques à légiférer avec l'entrée en vigueur en 2023 d'une loi visant à permettre à des "milliers de marins qui entrent régulièrement dans les eaux du Royaume-Uni" d'éviter d'être payés moins que le salaire minimum. Le texte prévoit aussi d'exiger des autorités de faire payer les armateurs qui ne prouvent pas qu'ils rémunèrent leurs marins au moins au salaire minimum britannique et de refuser l'accès aux ports de ceux qui ne paieraient pas cette surcharge.