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Entreprises: près de 58.000 défaillances en 2023, la conjoncture pèse

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Selon les données d'Altares, le 4e trimestre 2023 a été particulièrement mauvais avec l'un des pires chiffres sur 30 ans.

Le nombre de défaillances d'entreprises a encore fortement augmenté l'an passé et on ne peut plus parler de rattrapage suite à l'ère covid.

Selon les données du cabinet Altares, on a compté 57.729 procédures (sauvegardes, redressements et liquidations), soit une progression annuelle de 35,8%.

Les plus grands acteurs ne sont pas épargnés: 171 entreprises d’au moins 100 salariés ont défailli en 2023, c’est 80% de plus qu’en 2022.

Mais ce sont les plus petites entreprises qui ont le plus souffert: 4.319 sociétés de 10 à 49 salariés ont défailli en 2023 (+43%), tandis qu'avec plus de 52.000 procédures ouvertes, les TPE concentrent l’essentiel (92%) des jugements.

Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises - 05/01
Pierre Pelouzet, médiateur des entreprises - 05/01
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"Après une phase de rattrapage d’une partie des entreprises tenues à flot grâce aux mesures d’accompagnement mises en place depuis la crise Covid, nous amorçons désormais une nouvelle phase, plus structurelle, davantage liée aux insuffisances financières des entreprises qui doivent naviguer dans un environnement économique extraordinairement tendu", commente Thierry Millon, directeur des études de la société Altares.

Dangereux cocktail

Le 4e trimestre 2023 a été particulièrement mauvais avec 16.820 entreprises en défaut (+37,2% sur un an).

"Il s’agit cette fois d’un des pires chiffres sur trente ans, comparable à ceux de 1992-1993 mais inférieurs à ceux de 2012-2013 au-delà de 17.000", peut-t-on lire.

"Le mauvais chiffre du dernier trimestre de l’année ne saurait s’expliquer par le seul retour d’une action de recouvrement plus habituelle des URSSAF après une longue période accommodante (...) Activité en berne, niveau d’inflation encore élevé, taux d’intérêt toujours hauts, consommation qui flanche, forment un dangereux cocktail pour des entreprises aux trésoreries épuisées après une succession de crises", poursuit Thierry Millon.

Dans le détail, avec 1.529 jugements prononcés en 2023 (+35,9%), le nombre de procédures de sauvegarde retrouve son niveau de 2015 "mais représente toujours moins de 3% de l’ensemble des procédures".

Les procédures de redressement judiciaire augmentent plus vite avec 15.115 jugements prononcés, soit 49,2 % de plus sur un an.

Mais ce sont les liquidations judiciaires qui restent et de loin les plus nombreuses avec 41.085 procédures ouvertes (+31,4%) en 2023 et 11.567 (+30%) au cours du quatrième trimestre.

"L’augmentation des défauts de gros employeurs menace davantage d’emplois: 243.000 emplois ont été menacés en 2023, quasi 100.000 de plus sur un an", souligne Altares.

Importantes difficultés dans le bâtiment

Côté secteurs, la construction concentre 24% des faillites et compte désormais plus de 14.000 défauts dont près de 11.000 dans les seules activités du bâtiment (+40,7% en un an).

Le commerce dépasse 12.400 défauts (+31,76%), dans le commerce de détail d'habillement, le bilan est particulièrement négatif avec 1.130 procédures, soit un bond annuel de 51,3%.

De très nombreuses marques sont passées par les tribunaux tout au long de l'année: Camaïeu, Naf Naf, Gap France, André, San Marina, Kaporal, Don't Call Me Jennyfer, Burton of London, Pimkie, Du Pareil au Même, Sergent Major...

Dans la restauration 6.449 établissements ont défailli avec un rythme annuel en baisse: +45% contre +50% en 2022. La tendance est même inférieure à la moyenne générale pour la restauration traditionnelle (+35,3%).

L'industrie juste sous les 4.000 défauts semble un peu mieux résister (+29,2%) tout comme les transports (+30,7% à 2.300). "La tendance est cependant moins favorable pour le transport routier de marchandises qui compte plus de 1.500 défaillances (+39,7%) et la situation s’est fortement dégradée en fin d’année", souligne Altares.

Que faut-il attendre pour 2024? Au vu du 4e trimestre et du contexte mondial, le cabinet évoque "une trajectoire délicate".

Sur BFM Business, Pierre Pelouzet, Médiateur des entreprises estime que "l'économie se tient même s'il y a des secteurs à surveiller comme le BTP, les promoteurs, le textile" et évoque "un atterrissage de l'économie pas trop violent".
Olivier Chicheportiche Journaliste BFM Business