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Risque de pénurie de gaz: des délestages à l'étude pour les industriels

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Face au risque de pénurie de gaz cet hiver, les industries énergo-intensives pourraient être visées par des délestages. Une hiérarchie des activités est actuellement à l'étude pour déterminer lesquelles seraient les premières concernées.

Une coupure totale des approvisionnements en gaz russe, c'est "l'option la plus probable", selon Bruno Le Maire. Il y a deux semaines, le ministre de l'Economie avait appelé à se mettre "rapidement en ordre de bataille" pour se préparer au scénario du pire, à savoir une pénurie de gaz l'hiver prochain.

Car si les seize sites de stockage français sont remplis à 78% actuellement, cela pourrait ne pas suffire. Bercy a donc appelé à anticiper, plutôt que subir. C'est en tout cas le mot d'ordre qui a été passé aux industries énergo-intensives qui représentent à elles seules 28% du gaz consommé en France.

"Nous ferons notre part", a assuré sur BFM Business Nicolas de Warren, président de l'Union des industries utilisatrices d'énergie (Uniden). D'ores et déjà, le secteur s'organise afin de réduire volontairement sa consommation à hauteur de 15% dans les mois à venir, a-t-il indiqué.

Délestages

En anticipant de la sorte, les industriels énergo-intensifs espèrent échapper au scénario cauchemardesque d'une pénurie de gaz. Le plan prévu par Bercy est clair: si le gaz venait à manquer cruellement, l'industrie pourrait être visée par des délestages. Une hiérarchie des secteurs est actuellement étudiée pour déterminer lesquels seraient les premiers concernés, comme l'explique Nicolas de Warren:

"Il faut regarder la part (de l'industrie, ndlr) qui est essentielle et les activités qui le sont moins. Je comprends que pour les pouvoirs publics il y a des priorités qui touchent à la défense nationale, à la santé ou à l'alimentation".

Au-delà des secteurs stratégiques, Bercy souhaite aussi préserver ceux qui permettent de soutenir la croissance. De leur côté, les professionnels tentent d'identifier quelles industries pourraient se permettre des jours d'arrêt comme les cimenteries, les métaux ou le verre et celles qui ont pu accumuler des stocks.

Les industries consommatrices d'électricité également concernées

Mais Nicolas de Warren prévient: elles ne pourront pas assumer une baisse trop importante de la consommation de gaz. "L'industrie fera sa part, mais on ne pourra pas assumer un scénario de crash" avec des réductions de "30 à 40%". "Cela provoquerait des arrêts d'usines en masse".

Par ricochet, les industriels consommant beaucoup d'électricité pourraient aussi être concernés. Et pour cause, une partie de l'électricité consommée en France est produite à partir de gaz. Une production que le parc nucléaire ne sera pas en mesure de compenser compte tenu du nombre de réacteurs actuellement à l'arrêt.

Laura Cambaud, Matthieu Pechberty et Paul Louis