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Pourquoi Goldman Sachs estime que les prix du gaz vont chuter de plus de moitié

Filiale d'Engie, Storengy est l'un des principaux acteurs de la gestion des stocks de gaz en France

Filiale d'Engie, Storengy est l'un des principaux acteurs de la gestion des stocks de gaz en France - Storengy

Les pays européens ont fini de constituer leurs importants stocks de gaz pour l'hiver, ce qui va entraîner une baisse du prix qui pourrait retomber sous les 100 euros le MWh selon la banque américaine.

L'hiver sera-t-il moins rude que prévu? A quelques semaines des premiers frimas, la tension retombe sur le marché du gaz. Malgré les menaces de coupure du robinet russe, le prix sur le marché de gros sont repartis à la baisse après le pic atteint à la fin du mois d'août.

Sur les contrats de livraison pour 2023, le prix du gaz naturel est en effet passé de 297 euros le MWh à moins de 200 euros ces derniers jours. Un tarif toujours élevé quand on le compre aux 85 euros d'il y a un an mais qui semble désormais dans une tendance baissière.

C'est ce qu'estime ce mardi la banque Goldman Sachs qui dans une note assure que les pays européens peuvent résister aux coupures de gaz de la Russie cet hiver. Selon l'analyste, les problèmes d'approvisionnement ont peut-être été "résolus avec succès" et il anticipe désormais des prix qui pourraient baisser de plus de moitié cet hiver.

Alors qu'en début de mois de septembre, Goldman Sachs s'attendait à un prix d'environ 213 euros le MWh pour l'hiver, sa nouvelle prévision fait état d'un prix en-deçà de 100 euros à horizon du premier trimestre 2023.

Alors que le russe Gazprom a réduit ces derniers mois ces approvisionnements en direction de l'Europe, les pays européens se sont précipités pour remplir leurs installations de stockage, ce qui a fait grimper le prix du gaz.

Des stocks plus importants

Une précipitation qui a été cependant payante puisque les analystes de Goldman Sachs s'attendent désormais à ce que les installations de stockage soient pleines à 90% en moyenne d'ici la fin octobre, soit davantage que les 80% initialement visés par les pays de l'UE.

"C'est le casse-tête que l'Europe a résolu avec succès au cours de l'année écoulée, estime l'analyste. Grâce à une combinaison de baisse de la demande de gaz en Europe ainsi que chez les acheteurs de gaz naturel liquéfié ailleurs dans le monde, entraînant une constitution de stocks supérieure à la moyenne."

De quoi passer tout l'hiver si ce dernier n'est pas trop extrême en termes de météo. La banque américaine s'attend ainsi à ce que les stocks restent pleins à plus de 20% d'ici la fin mars de l'année prochaine.

"Cela, à notre avis, préparera le terrain pour que le sentiment d'urgence qui consiste à faire baisser la demande que nous voyons actuellement soit progressivement remplacé par un sentiment de soulagement du marché pour avoir traversé l'hiver", estiment les analystes.

Alors que la Russie ne représente plus que 9% des approvisionnements en gaz du continent, l'UE aurait renoncé à imposer un plafond au prix du gaz provenant du pays de Vladimir Poutine.

Si cette baisse du prix du gaz se confirme, elle pourrait entraîner par ricochet celle de l'électricité. Le prix de cette dernière est le résultat d'un calcul complexe qui tient compte non pas du coût réel de production mais du coût marginal du dernier MWh produit sur le réseau. Or avec des capacités de production électrique réduites et une forte demande, ce coût marginal du dernier MWh sera fixé par la production de centrales à gaz. Une baisse de ce dernier entraînerait donc mécaniquement une baisse équivalente sur le marché de l'électricité.

Frédéric Bianchi
https://twitter.com/FredericBianchi Frédéric Bianchi Journaliste BFM Éco