Nucléaire: "ce qui coûtera cher, c'est de ne pas faire les investissements", avertit l'expert Nicolas Goldberg

Le chiffre a de quoi donner le vertige. Auditionné hier à l'Assemblée nationale sur le financement du nouveau parc nucléaire, le patron d'EDF Luc Rémont a indiqué que l'entreprise devrait doper ses investissements à 25 milliards d'euros par an, un niveau "sans commune mesure" dans son histoire. Selon le PDF, il s'agit du niveau d'investissement requis pour répondre aux nombreux défis industriels du groupe, à commencer par la construction de 6 à 14 nouveaux réacteurs nucléaires de type EPR2 et la prolongation de la durée de vie des 56 réacteurs actuels, construits entre 1975 et 1995, selon la feuille de route fixée par le gouvernement.
Malgré une probable répercussion de ces investissements sur le prix de l'électricité pour les consommateurs, l'expert Nicolas Goldberg estime que "ce qui coûtera cher, c'est de ne pas faire les investissements". "Est-ce que le prix de l’électricité va évoluer? Ca va dépendre des taxes qu’on va mettre dessus, de la réforme du marché qui va être votée, de comment on finance ces investissements", a-t-il souligné, indiquant que le prix régulé augmenterait inévitablement avec la fin de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique) en 2025.
Le réseau va peser lourd
Le spécialiste des questions énergétiques au sein du cabinet Colombus Consulting met notamment l'accent sur le financement du réseau. "EDF doit beaucoup réinvestir. et les indisponibilités du parc nucléaire l’année dernière ont coûté très cher à EDF, rappelle Nicolas Goldberg. Ce que Luc Rémont dit, c’est qu’à un moment, il va bien falloir financer tout ça. On parle des moyens de production mais il va aussi falloir adapter les réseaux, qui sont vieux, aux énergies renouvelables ainsi que financer le raccordement des parcs éoliens offshore qu’on veut mettre en mer."
Financé via le tarif d'utilisation du réseau public d'électricité (TURPE), le réseau représente environ un tiers des factures d'électricité actuellement. Pour Nicolas Goldberg, l'augmentation de son prix dépendra des leviers choisis pour le financer: " "Est-ce que ce sera le consommateur qui paye? Est-ce qu’on recapitalise le gestionnaire de réseau? Est-ce qu’on fait rentrer des nouveaux fonds dedans?" Alors que RTE envisageait des investissements à hauteur de 33 milliards d'euros sur 15 ans, Enedis a récemment évoqué le chiffre de 96 milliards d'euros d'ici 2040 de son côté.
"Tout le monde doit faire des investissements colossaux surtout ceux qui ne veulent pas faire de nucléaire car les énergies renouvelables, c’est plus de réseau."