Négociation avec EDF: le représentant des industriels électro-intensifs demande "la nomination d'un médiateur"

Les discussions entre EDF et les industriels autour des contrats d'allocation de production nucléaire (CAPN) semblent dans l'impasse. Conformément à l'accord conclu entre l'Etat actionnaire et l'énergéticien il y a un an, ces contrats d'une durée moyenne de quinze ans doivent permettre à des industriels très énergivores d'avoir de la visibilité sur leur approvisionnement en électricité et limiter leur exposition au marché de plus en plus volatile. Par ces contrats de long terme, pour prise d'effet à partir de 2026 lorsque aura expiré le dispositif de l'Arenh, EDF propose aux industriels dits électro-intensifs un tarif préférentiel en échange d'une prise de risque sur la production du parc nucléaire en exploitation.
Problème : les industriels jugent le prix proposé, autour de 70 euros le MWh, trop élevé. Alors que seulement cinq CAPN ont été signés à ce jour, le président de l'Union des entreprises utilisatrices d'énergies (Uniden) Nicolas de Warren était l'invité de Good Evening Business jeudi soir pour évoquer les pistes qui permettraient de débloquer la situation. Il préconise notamment la nomination d'un médiateur "missionné pour une durée d'un mois" afin de trouver une solution avant les fêtes de fin d'année.
"Que ce soit un médiateur compétent, qui connaisse le sujet, qui soit un industriel, qui ait une expérience internationale et qui ait accès à tous les documents qui lui permettent de se faire un avis."
Désaccord autour du coût de production d'EDF
Le représentant des industriels énergivores perçoit deux sources au blocage entre les deux parties. "EDF raisonne en coûts de production et dit qu'il ne peut pas vendre sous son coût de production et nous ne contestons pas ce point, souligne-t-il. En face, nous disons que nous avons une logique d'exposition à la concurrence internationale. Nos concurrents, qu'ils soient au Moyen-Orient, aux États-Unis et en Chine, bénéficient sont dans des fourchettes de prix qui sont très sensiblement inférieures à ce qu'EDF prétend nous offrir." Par ailleurs, Nicolas de Warren estime que le coût de production tel qu'EDF le calcule intègre "des charges indues que nous n'avons pas à payer".
Alors que l'Arenh permettait de bénéficier de bénéficier d'un prix du MWh à 42 euros sur un peu moins d'un tiers de la production électrique d'EDF, la fin du dispositif va aboutir à une mise sur le marché de cette part de production. Or, les prix de marché se situent à l'heure actuelle entre 60 et 65 euros le MWh. "Il va y avoir une valorisation du portefeuille et du chiffre d'affaires d'EDF, insiste Nicolas de Warren, rappelant que le résultat de l'énergéticien "a été tout à fait satisfaisant" sur le premier semestre 2024.