La SNCF veut faire rouler ses TGV au solaire

La SNCF veut se prémunir de nouvelles crises sur le marché européen de l'électricité et parie encore un peu plus sur le renouvelable. L'opérateur a ainsi annoncé ce jeudi qu'elle prévoyait d'installer 1000 hectares de panneaux photovoltaïques d'ici 2030 dont la production pourra représenter 15 à 20% de ses besoins actuels en électricité.
De quoi faire de la compagnie publique l'un des grands producteurs d'énergie solaire de France.
Premier consommateur industriel d'électricité du pays (10% du total industriel) avec ses TGV et autres trains, la SNCF espère déployer en panneaux solaires une puissance de 1000 mégawatts-crête (MWc, unité mesurant la puissance maximale), avec des panneaux notamment installés sur ses bâtiments et parkings par une nouvelle filiale, SNCF Renouvelables.
Elle rivaliserait avec des producteurs d'énergie comme Engie ou Neoen, bien qu'étant derrière, ces entreprises prévoyant de développer très fortement le solaire dans la prochaine décennie.
La SNCF prévoit d'alimenter directement les équipements électriques de nombreuses gares et de bâtiments industriels.
Une nouvelle filiale baptisée SNCF Renouvelables
L'électricité aura également vocation à alimenter une partie de ses trains, dont plus de 80% fonctionnent actuellement à l'électricité.
Les gains financiers générés par SNCF Renouvelables "permettront par ailleurs de soutenir les programmes de travaux nécessaires à l'entretien et à la modernisation des infrastructures ferroviaires", précise la SNCF dans un communiqué.
C'est "le symbole d'un changement de paradigme où les énergies renouvelables, désormais rentables, génèrent des opportunités économiques pour ceux qui les produisent", a commenté Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique.
"On change de braquet. On n'est plus des loueurs de terrain, on produit de l'électricité (...) C'est aussi un peu renouveler la SNCF. On ose voir grand, c'est l'époque des ruptures. Lancer SNCF Renouvelables est stratégique pour le Groupe SNCF. Nous apporterons une contribution majeure à la production d’électricité décarbonée au service du ferroviaire et de la France, en cohérence avec notre ambition de doubler la part modale du train d’ici 2040" commente de son côté Jean-Pierre Farandou, président du Groupe SNCF.
Les opérations doivent démarrer dès 2023 sur une trentaine de sites de tailles diverses (centrales au sol, toitures de bâtiments et ombrières de parkings) répartis dans plusieurs régions.
La société, deuxième propriétaire foncier derrière l'Etat avec 12 millions de mètres carrés de bâti sur le territoire et plus de 100.000 hectares de terrains est déjà en train d'installer des panneaux sur les parkings d'une centaine de petites gares, et sur des grandes stations comme Nîmes-Pont du Gard, Valence, Avignon et bientôt Angers et Paris-Nord.

Elle s'est engagée à "acheter en Europe, chaque fois que possible, les composants nécessaires à l'établissement de ses projets photovoltaïques".
Diversification des sources
Une deuxième phase de développement est déjà envisagée: des panneaux solaires longitudinaux et verticaux pourraient être installés par segment de 20 à 30 kilomètres le long des voies non circulées (environ 7000 km), a indiqué la SNCF. A terme, une capacité maximale de 10.000 hectares de foncier pourrait être exploitée.
A très long terme, à horizon 2050, une capacité maximale de 10.000 hectares de foncier pourrait être couverte de panneaux solaires, et la SNCF se met à rêver: elle pourrait être autosuffisante, et même revendre une grande partie de l'énergie produite.
Depuis plusieurs années maintenant, l'opérateur cherche à diversifier ses sources d'approvisionnement. Fin 2022, il annonçait la signature d'un contrat d'achat direct avec Reden (producteur photovoltaïque) qui permettra à terme sur de générer 3,6% de la consommation annuelle de ses trains, "soit l'équivalent de la consommation électrique annuelle du RER D en Ile-de-France".
Ce contrat prévoit la création de 4 centrales photovoltaïques totalisant une puissance de 146 MW, qui produiront 207 Gwh par an à l'horizon 2025/2026" peut-on lire dans un communiqué.
Ces nouvelles centrales exploitées par Reden produiront de l'électricité verte qui "sera intégralement vendue à SNCF Energie pour les besoins en électricité de SNCF Voyageurs". Elles seront construites en Haute-Garonne, dans l'Aude et en Gironde et mises en service entre 2024 et 2025.Cette offensive dans le renouvelable ne répond pas à l'urgence énergétique actuelle avec des prix en forte hausse assure la SNCF.
"Cela n’a rien à voir avec le contexte, notre filiale SNCF Energie (filiale à 100% de SNCF Voyageurs) a un programme de développement de ces contrats 'corporate PPA' depuis 2018 et a déjà signé 8 contrats de ce type' explique à BFM Business un porte-parole de la SNCF.
Pour autant, le bénéfice économique a son importance, tout comme la stratégie à long terme. Il s'agit de "rendre notre coût d’approvisionnement en électricité moins dépendant de la volatilité des prix de marché puisqu’il s’agit de contrats de long terme, par exemple sur 25 ans dans le cas de ce contrat" explique le porte-parole.
Les dernières annonces vont dans ce sens. Ce projet doit aider la société à "maîtriser le coût des billets", en la protégeant "des aléas du marché de l'électricité", a aini souligné Jean-Pierre Farandou.