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L'Etat enclenche aujourd'hui la sortie de la bourse d'EDF

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Le projet d'offre de renationalisation de l'énergéticien a été déposée ce mardi auprès de l'AMF, l'autorité des marchés financiers.

17 ans après son introduction à la bourse de Paris, EDF va prochainement en sortir. L'État, qui possède aujourd'hui 84% d'EDF, a en effet déposé son projet d'offre publique d'achat (OPA) "simplifiée" auprès de l'AMF, une première étape dans le processus pour retirer EDF du marché boursier , indique l'AFP.

On rappellera que face aux difficultés de l'énergéticien, le gouvernement avait annoncé en juillet son intention d'acquérir les 16% du capital d'EDF qu'il ne détient pas. Ce reliquat est détenu par les salariés du groupe (1%) et des actionnaires minoritaires (15%).

A quel prix? Le prix proposé par l'Etat est de 12 euros par action. Le montant total de l'opération pour les finances de l'Etat se hisse donc à 9,7 milliards d'euros.

Un montant bien inférieur à la valeur de son action lors de son introduction en 2005, qui était alors de 32 euros. "Le titre a même grimpé jusqu’à 80 euros l’action, c’était la star du CAC", remarque Nicolas Doze, éditorialiste de BFM Business. Ce montant est contesté par certains actionnaires minoritaires.

L'expert indépendant désigné par le conseil d'administration d'EDF a désormais 20 jours ouvrés maximum pour remettre son avis sur le prix proposé par l'Etat. Ensuite, l'AMF devra donner son accord et l'Etat aura une dizaine de jours pour lancer formellement son offre de retrait.

12 euros l'action contre 32 à son introduction

Pourquoi faire revenir EDF à 100% dans le giron de l'Etat? "Nationaliser EDF, c'est nous donner toutes les chances d'être plus indépendants dans les années qui viennent en matière énergétique", avait déclaré jeudi Bruno Le Maire. "C'est une décision stratégique forte et nécessaire pour le pays".

EDF est en grande difficulté financière notamment à cause de l'augmentation de 20% du quota annuel d'électricité vendu à prix réduit à ses concurrents pour contrer la flambée des prix.

L'entreprise est par ailleurs incapable de mettre en oeuvre seule le plan de renouvellement du parc nucléaire souhaité par Emmanuel Macron. L'exécutif vise la construction de six nouveaux EPR dans le pays, pour un budget d'environ 60 milliards d'euros. Soit un montant proche de la dette nette d'EDF prévue d'ici la fin de l'année.

Doctrine

Derrière cette renationalisation se cache un projet plus grand. L'Etat devra redéfinir la doctrine tarifaire de l'électricité pour que la situation économique d'EDF s'améliore. Il entamera alors une étape de négociation avec Bruxelles sur la refonte globale du secteur énergétique en France.

L'Etat français va donc reprendre la main sur le nucléaire mais en contrepartie, la Commission européenne, qui ne s'oppose pas en soit à la nationalisation, devrait demander des concessions pour avoir plus de concurrence dans d'autres activités du secteur énergétique.

Ce qui devrait aboutir à une séparation des activités d'EDF, comme le supposait le projet "Hercule". L’idée serait de scinder EDF en deux. Une entité publique chapeauterait les activités non-rentables, comprenant les activités nucléaires. Une seconde réunirait les activités renouvelables et la distribution d'électricité. Cette dernière partie serait remise en bourse, ce qui devrait permettre à EDF et à l'Etat de récupérer une dizaine de milliards d'euros.

Enfin, cette renationalisation aura-t-elle des conséquences pour les clients? En France, l'Etat décide déjà des prix de l'électricité pour les particuliers en fixant des tarifs réglementés. Plus de 70% des foyers français en sont clients. A court terme, rien ne changera donc pour les clients.

Olivier Chicheportiche avec AFP